Tibulle de la Normandie,
Vous qui, ne vivant qu’à la cour
Du dieu des vers et de Lesbie,
Ne voyageâtes de la vie
Que sur les ailes de l’Amour,
Venez à Paris, je vous prie,
Sur les ailes de l’Amitié ;
Voltaire et la reine Émilie,
S’ils n’écoutaient que leur envie.
Du chemin feraient la moitié.
Ah ! mon cher ami, par quel contre-temps cruel ne vous verrai-je qu’un moment ! Je pars mercredi pour Richelieu. Sera-t-il dit que nous ressemblerons aux deux héros du roman de Zaïde[1], qui se virent de loin une fois, et s’éloignèrent pour un temps si long ? Quand nous retrouverons-nous ? quand passerai-je avec vous le soir tranquille de ce jour nébuleux qu’on nomme la vie ?
Malgré votre prodigieuse indifférence, Mme la duchesse de Richelieu vous prie à souper aujourd’hui samedi. Seriez-vous assez malheureux pour n’être point à Paris ? Pour moi, je le suis fort de n’avoir pu vous faire ma cour. C’était bien la peine de quitter Bruxelles ! V.
Ma chère amie, Paris est un gouffre où se perdent le repos et le recueillement de l’âme, sans qui la vie n’est qu’un tumulte importun. Je ne vis point ; je suis porté, entraîné loin de moi dans des tourbillons. Je vais, je viens ; je soupe au bout de la ville, pour souper le lendemain à l’autre. D’une société de trois