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Je vous enverrai ma réponse[1] à M. Lefranc : vous êtes le lien des cœurs.

Je vous enverrai une lettre pour Pline-Dubos[2] ; dites-lui que ma reconnaissance est égale à mon estime.

Un petit mot touchant les Épîtres[3]. L’objection qu’on se fait interroger comme si on était Dieu ou ange est, ce me semble, bien injuste. On interroge non un dieu, mais un philosophe, sur des sujets traités par Platon, Leibnitz, et Pope, Dire que l’épître ne conclut rien, c’est ne la vouloir pas entendre. Elle ne conclut que trop que non sunt onmia facta pro hominibus ; et, s’il y a quelque mérite à cette épître, c’est d’avoir tourné cette conclusion d’une manière qui n’attire pas les conclusions du procureur général et d’avoir traité très-sagement une matière très-délicate.

Autre petit mot. Où diable prend-on que ces Épîtres ne vont pas au fait ? Il n’y a pas un vers dans la première qui ne montre l’égalité des conditions, pas un dans la seconde qui ne prouve la liberté, pas un dans la troisième où il soit question d’autre chose que de l’envie ; ainsi des autres.

Ces impertinentes objections qu’on vous fait méritent à peine que vous y répondiez, et encore moins que vous vous laissiez séduire[4].

Je vous embrasse, mon cher ami, et madame la marquise vous fait les plus sincères compliments. Elle vous écrit ; elle a pour vous autant d’amitié que moi.

P. S. Envoyez-moi le coup de fouet qu’a donné l’abbé Leblanc à cet âne incorrigible, nommé Guyot-Desfontaines.


948. — À M. THIERIOT.
À Cirey, le 27 octobre.

Je ne peux encore écrire cet ordinaire ni aux Dubos ni aux Lefranc[5]. Apollon m’a tiré par l’oreille : Deus, ecce Deus[6] ; il a fallu obéir.

  1. Lettre 951.
  2. Lettre 952.
  3. Il s’agit ici des Pourquoi du sixième Discours sur l’homme. voyez. (tome IX,) le vers 105.
  4. Après cet alinéa venait, dans l’édition Beuchot, ce qui forme le premier alinéa de la lettre 944.
  5. Voyez plus bas les lettres 951 et 952, à Lefranc et à Dubos.
  6. Æn., VI, 46.