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946. — À M. DE LATOUR[1].
À Circey, ce 22 octobre.

Je vous fais mon compliment, mon cher confrère dans les beaux-arts, des grands succès que vous avez à Paris. Je me flatte que vous voulez bien guider le graveur qui fait mon estampe d’après votre pastel. Quand vous voudrez venir à Cirey, vous y peindrez des personnes plus dignes que moi de vos crayons.

On vient de me confirmer ce que vous m’avez dit à Paris, que le sieur de Bonneval était l’auteur de je ne sais quel mauvais libelle contre moi. Mais je suis plus persuadé que jamais qu’il a fait un mensonge plus odieux encore que son libelle, quand il vous a dit que Mme de Montmartel l’avait encouragé à cette indignité. Je ne connais Mme de Montmartel que par la réputation de sa vertu ; je ne connais M. de Montmartel que par des services qu’il m’a rendus, et je ne connais Bonneval que pour l’avoir vu une fois chez Mme de Prie, où il m’emprunta dix louis qu’il ne m’a jamais rendus.

Mandez-moi, je vous prie, quand vous pourriez venir à Cirey. Je vous embrasse, et je suis de tout mon cœur, mon cher Latour, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Mes compliments à M. Berger.


947. — À M. THIERIOT.
Le 24 octobre.

Je ne vous écris souvent que trois lignes, Père Mersenne, parce que j’en griffonne trois ou quatre cents, et en rature cinq cents pour mériter un jour votre suffrage. La correction de la Henriade entrait dans mes travaux ; lorsque vous m’apprenez le dessein des libraires, il faut m’y conformer ; il faut rendre cet ouvrage digne de mes amis et de la postérité. Mais Prault se disposait à en faire une édition ; il me faisait graver ; il faudrait l’engager à entrer dans le projet des Gandouin. Dites-lui donc de ne plus m’envoyer, ou plutôt de ne me plus faire attendre inutilement les livres de physique, et que vous avez la bonté de vous en charger. Le S’Gravesande, deux volumes in-4o, est ce que je demande avec le plus d’instance. Je ne peux vivre sans ce S’Gravesande et sans Desaguliers ; voilà l’essentiel.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.