Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1179. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
À Enghien, près de Bruxelles (ce 9 juillet 1739).

Mon cher abbé, j’aurai donc le plaisir de vous voir : apportez votre petit paquet, s’il n’est pas envoyé à M. de Séchelles. Vous achèterez pour ce qu’il vous plaira de tableaux ; mais je vous prie de me procurer environ deux cent cinquante louis en lettres de change sur Bruxelles. Avant de partir, voulez-vous bien voir ce diable d’Hébert, et demander s’il n’a point fini un très-joli ouvrage[2] qu’il promet depuis six mois à Mme du Châtelet.

Cette lettre vous sera envoyée ou mise à la poste par un homme de Berlin, et elle est écrite avec une plume d’ambre que le prince royal vient de nous envoyer.

Encore vingt livres à d’Arnaud, et conseils de sagesse.


1180. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
À Bruxelles (juillet).

Monseigneur, Émilie et moi chétif, nous avons reçu, au milieu des plaisirs d’Enghien, le plus grand plaisir dont nous puissions être flattés. Un homme[3], qui a eu le bonheur de voir mon jeune Marc-Aurèle, nous a apporté de sa part une lettre charmante, accompagnée d’écritoires d’ambre et de boîtes à jouer.

Avec combien d’impatience
Monsieur Gérard nous vit saisir
Ces instruments de la science,
Aussi bien que ceux du plaisir !
Tout est de notre compétence.

Nous jouons donc, monseigneur, avec vos jetons, et nous écrivons avec vos plumes d’ambre.

Cet ambre fut formé, dit-on,
Des larmes que jadis versèrent
Les sœurs du brillant Phaéton,
Lorsqu’en pins elles se changèrent,

  1. Édition Courtat.
  2. Dans la lettre du 5 juin 1737 (n° 756) il est question d’un nécessaire ; voyez tome XXXIV, page 274. Dans la lettre à d’Argental, du 12 mars 1740 (n° 1254), il est question d’une écritoire destinée au prince royal de Prusse.
  3. David Gérard.