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vous voir. Vous allez, dites-vous, dans les pays chauds ; mais qui sont-ils, ces pays ? Est-ce la Provence, l’Italie, ou l’Asie, ou l’Afrique ? Partout où vous serez, vous ferez honneur à l’esprit humain. Avant votre départ, ne pourrions-nous pas nous voir à Saint-Tron ? C’est la moitié du chemin ; pouvez-vous vous arranger pour y être dans huit ou dix jours[1] ? · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Je ne puis concevoir ce qui leur a donné la rage de se servir contre moi de mes bienfaits : leur imbécillité a été dirigée par quelqu’un de bien méchant. Vous me feriez un grand plaisir d’écrire sur cela fortement à vos correspondants.

Si vous avez besoin de quelques pièces fugitives pour vos journaux, je suis à votre service.

Ce malheureux Rousseau est ici, mais il est toujours chassé de chez M. le duc d’Aremberg, en punition de ses calomnies. Je donne demain un grand souper à M. le duc d’Aremberg : Rousseau n’y sera pas ; mais je voudrais bien que vous y fussiez. Adieu. Faites toujours honneur aux belles-lettres, et ayez autant d’envie de me voir que j’en ai de vous embrasser.


1173. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
Bruxelles, 28 juin.

Quand je serais en Laponie, vous seriez toujours mon ange gardien. Envoyez-moi donc, à Bruxelles, vos derniers ordres pour Zulime. Que dites-vous de Rousseau, qui est allé en Hollande faire imprimer le libelle de Desfontaines ? On en a fait une édition dont toute l’Allemagne est inondée. Ce dernier trait ne doit-il pas indigner ceux qui sont à portée de rendre justice, et peut-on différer d’obliger Desfontaines à publier le désaveu nécessaire de calomnies si horribles ?

Je vous prie de me faire savoir à quoi on se détermine. Il y a six mois qu’on me lie les mains et qu’on m’empêche de publier la réponse la plus modérée et la plus décisive, dans l’espérance d’un équivalent qui n’est pas encore venu. Je vous avoue que, sans votre amitié, je n’aurais pas la force de résister à tant d’amertumes. Mettez-moi donc un peu au fait de cette affaire, mon respectable ami ; mais n’oubliez pas la tendre Zulime ; elle m’est chère depuis que vous vous y intéressez. Je la recoiffais un

  1. Deux lignes manquent.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.