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Le continuateur et réviseur a donc tort dans tous ces points. Il a encore bien plus grand tort de s’être vanté d’avoir corrigé des fautes de copistes, comme d’avoir mis un zéro où il en manquait, d’avoir mis parallaxe annuelle au lieu de parallaxe ; il a voulu insinuer par là que mon manuscrit était plein de fautes.

Mais M. Pitot, de l’Académie des sciences, et M. de Montcarville, qui ont eu mon livre écrit de ma main, qui sont commis pour l’examiner, ont rendu un témoignage public que ces fautes ne s’y trouvent pas.

Les libraires de Hollande, au lieu de vouloir soutenir inutilement leur mauvaise édition, doivent la corriger entièrement, selon mes ordres, comme ils l’ont promis. Les libraires de Paris, qui ont copié quelques fautes du continuateur des libraires de Hollande, doivent aussi les réformer. Le livre ne peut être utile aux commençants, et je ne puis l’avouer qu’à cette condition.

11° Voilà, monsieur, les réflexions que j’ai cru devoir soumettre à vos lumières sur la philosophie de Newton, non-seulement parce que vous avez daigné bien souvent me servir de maître, mais parce qu’il y a peu d’hommes en France dont vous ne le fussiez. Je ne réponds point ici à toutes les objections que l’on m’a faites ; je renvoie aux livres des Keill, des Pemberton, des S’Gravesande, et des Musschenbroeck ; je ne ferais que répéter ce que ces savants ont dit, et je ne donnerais pas un poids nouveau à leur autorité : ce serait à vous, monsieur, à défendre cette philosophie ; mais vous pensez qu’elle n’a besoin que d’être exposée.

J’ajouterai ici seulement (ce que vous pensez comme moi) que la différence des opinions ne doit jamais, en aucun cas, altérer les sentiments de l’humanité ; qu’un newtonien peut très-bien aimer un cartésien et même un péripatéticien, s’il y en avait un. L’odium theologicum a malheureusement passé en proverbe ; mais il est à croire qu’on ne dira jamais odium philosophicum. Il y a longtemps que je dis que tous ceux qui aiment sincèrement les arts doivent être amis, et cette vérité vaut mieux qu’une démonstration de géométrie.


941. — À M. THIERIOT[1].
11 octobre.

Mon cher ami, si vous ne viviez pas avec M. et Mme de La Popelinière, il faudrait vivre à Cirey ; on y est heureux, et cependant on vous regrette.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.