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ami ? Ne manquez pas, je vous prie, d’apporter votre dernière Épître[1]. Mme du Châtelet dit que c’est moi qui l’ai perdue ; moi, je dis que c’est elle. Nous cherchons depuis huit jours. Il faut que Bernouilli l’ait emportée pour en faire une équation. Je suis désespéré, mais vous en avez sans doute une copie. Je suis très-sûr de ne l’avoir confiée à personne. Nous la retrouverons, mais consolez-nous. Ce grand garçon d’Arnaud veut vous suivre dans vos royaumes de Champagne ; il veut venir à Cirey. J’en ai demandé la permission à madame la marquise : elle le veut bien ; présenté par vous, il ne peut être que bienvenu.

Je serai charmé qu’il s’attache à vous. Je suis le plus trompé du monde, s’il n’est né avec du génie et des mœurs aimahles. Vous êtes un enfant bien charmant de cultiver les lettres à votre âge avec tant d’ardeur, et d’encourager encore les autres. On ne peut trop vous aimer. Amenez donc ce grand garçon. Mme du Châtelet et Mme de Champbonin[2] vous font mille compliments.

Adieu, jusqu’au plaisir de vous embrasser.


1124. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[3].
Ce 3 avril 1739.

Mon cher abbé, j’ai d’abord à vous dire qu’au lieu de recevoir deux mille livres de M. Michel, je vous prie de l’engager à prendre dix mille livres pour un an, lesquelles, avec les deux mille qu’il me doit, feront douze mille livres. Le reste sera pour notre voyage dans les Pays-Bas, et ces dites douze mille livres entre les mains de M. Michel serviront dans un an ou deux, si je suis en vie, à acheter quelques meubles pour le palais Lambert[4].

  1. C’était sans doute une nouvelle leçon de lÉpître sur l’amour de l’étude.
  2. Cette dame, depuis le commencement de février jusqu’à la fin d’avril 1739, fit au moins deux voyages de Cirey à Paris, pour des affaires personnelles, et sans doute aussi pour des démarches relatives à Voltaire. C’est ce qui explique pourquoi celui-ci parle d’elle tantôt comme présente, tantôt comme absente, dans ses lettres de cette époque. (Cl.)
  3. Édition Courtat.
  4. M. Clogenson pense que Voltaire n’alla jamais occuper son appartement (voyez la lettre 1130) dans l’hôtel Lambert. « Lorsque, dit-il, Voltaire vint à Paris, au commencement de septembre 1739, il descendit à l’hôtel de Brie, rue Cloche-Perce, et non à l’hôtel Lambert. Sa lettre de janvier 1743 à Mme de Champbonin prouve qu’il n’avait pas encore habité cette magnifique maison, à cette époque ; et, dans sa lettre du 27 juin 1743, à Cideville, il fait allusion à sa petite retraite de la rue Traversière, qu’il occupa de 1743 à 1750, dans ses divers voyages à Paris. » (B.)