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Je vous remercie tendrement de ce que vous avez fait pour d’Arnaud. J’ose vous recommander ce jeune homme comme mon fils ; il a du mérite, il est pauvre et vertueux, il sent tout ce que vous valez, il vous sera attaché toute sa vie. Le plus heau partage de l’humanité, c’est de pouvoir faire du bien ; c’est ce que vous savez, et ce que vous pratiquez mieux que moi. Mme du Châtelet vous remerciera des éloges[1] qu’elle mérite, et moi, je passerai ma vie à me rendre moins indigne de ceux que vous m’adressez. Pardon de vous écrire en vile prose, mais je n’ai pas un instant à moi. Les jours sont trop courts. Adieu ; quand pourrai-je en passer quelques-uns avec vous ! Buvez à ma santé avec x x Montigny[2]. Est-il vrai que la Philosophie de Newton gagne un peu ?


1083. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[3].
Ce 25 (février 1739).

Mon cher ami, 207 liv, 10 s. sont à donner à M. Ours ( ? ), environ 800 liv. à l’ordre de M, Denis, 100 liv. à l’ordre de M. du Sauzet, un louis d’or à d’Arnaud et cette lettre ci-jointe : voilà pour le temporel. À l’égard de ce triste spirituel, si aucun de ceux qui ont signé ne présente requête, si mes parents n’en présentent point, ou si elle est insuffisante, requête en mon propre et privé nom à M. Hérault. Reste à savoir s’il faut se désister dans les vingt-quatre heures, ou poursuivre en son nom, et si c’est à la police ou à la chambre de l’Arsenal qu’on poursuivra cette affaire. Je crois qu’il n’est pas question du ministère des avocats. Consultez ; répondez. Vale.

Consultez Pageau ; faites-lui part secreto de ma petite intelligence avec M. Hérault, et allons en avant.

Faites-moi la grâce de m’envoyer la nouvelle édition de mes œuvres en trois volumes.


1084. — À M. DE CIDEVILLE.
Ce 23 février.

Mon cher ami, et quoi ! malgré votre sagesse, vous tàtez aussi de l’amertume de cette vie ! Ne pourrais-je verser une goutte de

  1. Il paraît, d’après cette phrase, que, sur l’observation qu’avait faite Voltaire (voyez la dernière note, page 23 du tome XXIII), Helvétius avait ajouté, en l’honneur de Mme du Châtelet, quelques vers dans son Épitre sur l’amour de l’étude, adressée à cette dame. (B.)
  2. Etienne Mignot de Montigny fut reçu à l’Académie des sciences en 1739.
  3. Édition Courtat.