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ma mauvaise santé, quel respect on doit aux lois et aux formes.

On m’a mandé que la plupart de ceux qui sont outragés dans ce libelle ont rendu plainte, et je ne sais si cela est suffisant.

Pour moi, monsieur, qui ne demande ni la punition de personne, ni dommage, ni intérêts, et qui n’ai pour but que la réparation de mon honneur, ce que j’ose vous demander ici avec plus d’instances, c’est que vous daigniez interposer votre autorité de magistrat de la police et de père des citoyens, sans forme judiciaire à mon égard, et sans employer contre le sieur Desfontaines l’usage de la puissance du roi. Je vous conjure donc, monsieur, d’envoyer chercher l’abbé Desfontaines (si vous trouvez la chose convenable), et de lui faire signer un désaveu des calomnies horribles dont son libelle est plein.

Ne peut-il pas déclarer qu’il se repent de s’être porté à cet excès, et que lui-même, après avoir revu sa propre lettre au sortir de Bicêtre (que j’ai fait présenter à M. le chancelier, et dont vous, monsieur, vous avez copie), après avoir vu le témoignage de tant d’honnêtes gens qui déposent contre ses calomnies, ne peut-il pas reconnaître qu’il m’a injustement outragé, et promettre de ne plus tomber à l’avenir dans de semblables crimes ? Voilà, monsieur, tout mon but. Ce que je demande est-il juste ? C’est-il raisonnable ? Je m’en remets à vous. Un procès criminel peut achever de ruiner ma santé, et troublera tout le cours de mes études, qui sont mon unique consolation.

Je sens, monsieur, toute la hardiesse de mes prières, et combien il est singulier de prendre mon juge pour mon conseil. Mais enfin je ne puis pas en avoir d’autre. Je me mets entre vos bras, je vous regarde comme mon protecteur. Je ne ferai que comme vous me prescrirez. Je ne veux point abuser de vos moments, mais si vous voulez me faire savoir vos ordres par M. d’Éon, dont je connais la probité, je m’y conformerai. Je lui renverrai sa lettre.

Je serai toute ma vie, etc.


1080. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].

Lettre que M. Moussinot fera voir à M. Bégon.

Ce 22 (février 1739).

Je ne perds point de vue du tout la juste réparation que je suis en droit d’exiger de ce malheureux abbé Desfontaines.

  1. Édition Courtat.