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moi, je mande aujourd’hui sur-le-champ qu’il n’en est rien, et j’ai obéi entièrement à vos sages conseils, et que, si M. Hérault est chargé de l’affaire, j’implore les bontés de M. de Maurepas et la sollicitation de M. de Caylus. J’écris en conformité à M. de Maurepas, et je compte bien que mon ange gardien ou son frère dira quelque chose à M. de Maurepas.

Mais aussi ne me trompé-je point ? L’affaire est-elle renvoyée à M. Hérault ? Je suis à cinquante lieues ; les lettres se croisent ; les nouvelles se détruisent l’une l’autre ; je passe les jours et les nuits à prendre des partis hasardés, à faire, à défaire, et mon ennemi est victorieux dans Paris,

Mon cher ange gardien, ne puis-je espérer qu’il soit forcé à donner un désaveu de ses calomnies qui sont prouvées ? Ne pourriez-vous pas faire condamner au moins le libelle comme scandaleux, sans nommer l’auteur ? monsieur l’avocat général pourrait-il s’en charger ? La lettre de M. Deniau, que j’attends, et qui servira de désaveu de la part des avocats, ne pourrait-elle pas servir à faire condamner le libelle ? Je n’ai que des doutes à proposer ; c’est à vous à décider. Tout ce que je sais, c’est que mon honneur m’engage à avoir raison de Desfontaines et de Saint-Hyacinthe,

Zulime se plaint bien plus que moi de tout ce malheureux procès ; elle dit que si son auteur reste dans cette affliction, elle est découragée, Ranimez la fille et le père, mon cher ami ; rendez le repos à Cirey. Mme du Châtelet vous dit qu’elle vous aime de tout son cœur.

Mille respects à Mme d’Argental.

Songez, je vous prie, que j’ai envoyé mon mémoire à monsieur le chancelier, mais uniquement comme une espèce de requête ; je ne le ferai imprimer que quand il le trouvera bon, et que vous le jugerez à propos. Le chevalier de Mouhy, qui est un homme d’un zèle un peu ardent, s’empressait de l’imprimer ; je lui ai écrit fortement de n’en rien faire. Je voudrais que mon mémoire pût paraître avec la satisfaction qui me serait procurée, et qui en paraîtrait la suite ; mais cela se peut-il ?

Voulez-vous permettre que je vous envoie Berger, les jours de poste ? Il vous soulagera du fardeau d’écrire trop souvent ; il m’instruira de vos ordres ; il fera ce que vous ordonnerez ; il est très-sage.

Mme de Champbonin doit vous instruire de mes démarches ; elle doit, comme ma parente, se trouver à l’audience de monsieur le chancelier, avec Mignot et même Thieriot. Dites à ce Thieriot,