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bonin, amener avec vous le gendre de votre frère, qui déposera avoir acheté le libelle chez Chaubert ; il faut vous dire mon parent, comme Mme de Champbonin ; aller tous à l’audience de M. le chancelier, et le remercier en général de la justice qu’il me rendra. Rien ne fait un si grand effet que ces apparitions de famille sur l’esprit d’un juge bien disposé. N’épargnons point les frais ; envoyez savoir le jour de l’audience ; allez prendre en carrosse de remise Mme de Champbonin à l’hôtel Modène, rue du Colombier, ou servez-vous du sien ; écrivez-lui un billet, la veille ou l’avant-veille, pour savoir son heure. Écrivez de même à mon neveu Mignot, rue Cloche-Perce, chez M. de Montignv ; engagez-le à y mener son cousin. Il faut remuer les hommes ; il faut les exciter.

Encore une fois, cette démarche réussira. Je vous prie de la regarder comme une chose essentielle.

Je ne m’endors pas, et j’espère que j’aurai justice. Souvenez-vous, et faites souvenir Mme de Champbonin et mon neveu, que l’abbé Desfontaines a avoué à M. Hérault[1] qu’il était l’auteur du libelle.

Je songe encore qu’il sera très-bon que Thieriot vienne avec vous chez M. le chancelier, pour confirmer par son témoignage ses anciennes lettres, par lesquelles il demeure constant que l’abbé Desfontaines fit contre moi un libelle au sortir de Bicêtre.

Envoyez cela ( ? ), je vous prie, au Père Brumoi, au collège des jésuites.


1069. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
12 février.

Au nom de Dieu, mon respectable, mon cher ami, rendez-moi à mes études, à Émilie, et à Zulime. J’ai le cœur pénétré de douleur. Desfontaines m’a prévenu, et a obtenu du lieutenant-criminel permission d’informer contre moi ; il m’a dénoncé comme auteur de l’Èpître à Uranie et des Lettres philosophiques ; il a écrit au cardinal ; il remue ciel et terre ; et moi, je n’ai pas seulement la lettre de Mme de Bernières ni celle de M. Dulion, qui prouveraient au moins son ingratitude, et qui disposeraient le public et les magistrats en ma faveur ; et j’apprends, pour comble de malheur et d’humiliation, que le procureur du roi, auquel il s’est adressé, est mon ennemi déclaré, er cherche partout de quoi

  1. Le nom est presque indéchiffrable. (G.)