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joint à l’abbé Desfontaines, pour composer ce malheureux libelle diffamatoire, qui mérite assurément la punition la plus exemplaire. Ayant le malheur d’être devenu un homme public par mes ouvrages, je suis obligé de repousser les calomnies publiques.

L’abbé Desfontaines, dans son libelle diffamatoire, cite un autre libelle du sieur de Saint-Hyacinthe, dans lequel ce Saint-Hyacinthe dit que j’ai eu une querelle à la Comédie avec un officier nommé Beauregard, et que cet officier m’insulta en présence d’un acteur. Je vous demande en grâce, mademoiselle, de vouloir bien faire signer par vos camarades le certificat ci-joint ; il m’est absolument nécessaire. Vous voyez quelle est la rage des gens de lettres, et quelle funeste récompense je recueille de tant de travaux ; mon honneur m’est plus cher que mes écrits, et je me flatte que vous ne me refuserez pas un certificat dans lequel je ne demande que la plus exacte vérité.

Tous ceux qui sont cités dans cet infâme libelle m’en ont donné : c’est la meilleure manière de répondre aux calomnies. Je voudrais bien mériter votre amitié par mes talents, mais je n’en suis digne que par ma reconnaissance. Je vous conjure de m’obtenir un certificat qui me fasse honneur, je vous aurai une obligation infinie.

« Nous soussignés, instruits qu’il court un libelle diffamatoire, également horrible et méprisable, intitulé la Voltairomanie, dans lequel on ose avancer que M. de Voltaire a usé de rapines à l’occasion de ses pièces de théâtre, et dans lequel on fait dire au sieur de Saint-Hyacinthe que ledit sieur de Voltaire a été insulté en notre présence par un officier, nous déclarons sur notre honneur, tous unanimement, que M. de Voltaire en a toujours agi avec nous généreusement à l’occasion de ses pièces, et que l’affaire prétendue entre lui et un officier est une calomnie qui n’a pas le moindre fondement, etc. »


1062. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
6 février.

Pardon de tant d’importunités. Je reçois votre lettre, mon respectable ami ; vous me liez les mains. Je suspends les procédures, je ne veux rien faire sans vos conseils ; mais souffrez au moins que je sois toujours à portée de suivre ce procès. En quoi peut me nuire une plainte contre les distributeurs du libelle, par laquelle on pourra, quand on voudra, remonter à la source ? Tout sera suspendu.