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de ma présence mettraient tout en règle, mais enfin je suis à Cirey. Te rogamus, audi ros[1].

Premièrement, vous saurez que M. Deniau, bâtonnier des avocats, a fait courir des billets dans tous les bancs des avocats, et est prêt à donner une espèce de certificat par lettres qu’aucun avocat n’est assez lâche et assez coquin pour avoir fait un tel libelle. Je vous prie de faire encourager ce M. Deniau.

2° J’insiste fortement sur le commencement d’un procès criminel, qu’on poursuivra si on a beau jeu. Qu’on n’intente d’abord que contre les distributeurs. J’ai des preuves assez fortes pour le commencer. Je ne crains rien d’aucune récrimination. On pourrait, sous main, réveiller l’affaire des Lettres philosophiques[2], mais il n’y a nulle preuve ; et si Thieriot, qui connaît un substitut du procureur général, veut faire une procédure en l’air par Ballot[3], le décret sera purgé en quinze jours.

3° Indépendamment de tout cela, j’ai donc envoyé mon Mémoire manuscrit à monsieur le chancelier ; je lui fais présenter, et le placet signé par cinq gens de lettres, et celui de mon neveu, et la lettre de Mme de Bernières.

4° Comme il faut se servir de tous les moyens qui peuvent s’entr’aider sans pouvoir s’entre-nuire, si monsieur le premier président pouvait, sur la requête à lui présentée, et sur le certificat du bâtonnier, faire brûler le libelle[4], ce serait une chose bien favorable.

5° Je ne sais si je dois faire paraître mon Mémoire ou isolé ou accompagné de quelques ouvrages fugitifs ; mais je crois qu’il faut qu’il paraisse, car je ne peux sortir de ce principe que si l’on doit laisser tomber les injures, il faut relever les faits. Je voudrais le mettre à la suite de la préface et du premier chapitre de l’Histoire de Louis XIV, si cet ouvrage vous paraît sage. J’y ajouterais les Èpitres bien corrigées, une Lettre[5] à M. de Maupertuis, une dissertation[6] sur les journaux. Je tâcherais que le recueil se fît lire.

6° Ce que j’ai infiniment à cœur, c’est le désaveu le plus authentique et le plus favorable de la part de Saint-Hyacinthe ; je crois qu’il ne sera pas difficile à obtenir.

  1. Litanies des saints.
  2. La condamnation est du 10 juin 1734. Voyez tome XXII, page 78.
  3. Ballot, notaire.
  4. Voltaire ne pensait pas que c’était là le moyen d’accroître le nombre des lecteurs de la Voltairomanie.
  5. C’est la lettre 940.
  6. Voltaire veut probablement parler ici de l’opuscule qui fait partie des Mélanges (tome XXII, page 241), sous le titre de Conseils à un journaliste.