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berg[1], qui demeure à Bruxelles. Peut-être pourrai-je aussi, par le ministère du prince de Lichtenstein, abréger à la marquise les longueurs qu’on lui fera souffrir à Bruxelles et à Vienne. Les juges de ces pays ne se pressent point dans leurs jugements. On dit que si la cour impériale devait un soufflet à quelqu’un, il faudrait solliciter trois ans avant que d’en obtenir le payement. J’augure de là que les affaires de la marquise ne se termineront pas aussi vite qu’elle le pourrait désirer.

Le vin de Hongrie vous suivra partout où vous irez. Il vous est beaucoup plus convenable que le vin du Rhin, duquel je vous prie de ne point boire, parce qu’il est fort malsain.

Ne m’oubliez pas, cher Voltaire ; et si votre santé vous le permet, donnez-moi plus souvent de vos nouvelles, de vos censures, et de vos ouvrages. Vous m’avez si bien accoutumé à vos productions que je ne puis presque plus revenir à celles des autres. Je brûle d’impatience d’avoir la fin du Siècle de Louis XIV ; cet ouvrage est incomparable, mais gardez-vous bien de le faire imprimer.

Je suis avec toute l’estime imaginable et l’amitié la plus sincère, mon cher ami, votre très-affectionné ami,

Fédéric

1044. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[2].
Ce 28 janvier (1739).

Mon cher abbé, voici une cinquième fournée.

J’espère qu’enfin M. d’Argental sera content. S’il l’est, faites-en faire vite trois copies pour les principaux magistrats, car j’en ferai faire aussi trois, et surtout une pour le chevalier de Mouhy, qui en fera l’usage qu’il croira le plus convenable, c’est-à-dire que, dès que M. d’Argental aura approuvé, vous mettrez le Mouhy en besogne.

Je vous prie d’aller voir mon neveu chez M. de Montigny, rue Cloche-Perce, près de votre logis, et de lui dire que des étrangers ayant présenté requête, il est indispensable qu’il en donne aussi une. Parlez-lui fortement et tendrement.

Une des choses les plus essentielles, c’est que l’on engage le bâtonnier et les anciens avocats à désavouer, au nom du corps, le libelle qui est mis si impudemment sous le nom d’un avocat.

Voyez si quelque avocat voudrait s’en charger. Il y a un M. Pageau qui demeure dans votre quartier, et qui était intime ami de mon père. Je vous recommande cette branche de l’affaire,

    Anne, fille de George II, roi d’Angleterre. — C’est ce prince que Frédéric appelle tortue dans une lettre des premiers jours d’octobre 1740.

  1. À qui est adressée la lettre 633.
  2. Édition Courtat.