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voilà plutôt de quoi confondre le calomniateur, et vous voyez quelle foi on peut ajouter aux impostures dont son ouvrage est tissu. J’ai l’honneur d’être, avec un très-profond respect, etc.

Prault fils.

1040. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
25 janvier.

Mon cher ami, je travaille le jour à Zulime, et le soir je revois mon procès avec l’honnête homme Desfonlaines,

Vous savez de quoi il est question à présent, vous avez vu ma lettre à M. Hérault. Il n’y a plus qu’un mot qui serve. M. de Meinières[1] peut-il vous dire tout net ce que j’ai à espérer de M. Hérault ? Un outrage pareil, toléré par la magistrature, est un affront éternel aux belles-lettres ; une réparation convenable ferait honneur au ministère.

Suivant vos sages avis, je réforme tout le Mémoire, qui est d’une nécessité indispensable. Point de numéro, de peur de ressembler au Préservatif ; plus de modération, encore plus d’ordre et de méthode ; c’est ce qu’il faut tâcher de faire. Puissé-je dire au public :

Et mea facundia, si qua est,
Quæ nunc pro Domino, pro vobis
Sæpe locuta est !

J’y ajoute un extrait de la lettre d’un prince destiné à gouverner une grande monarchie. Si cela pouvait faire quelque effet, à la bonne heure ; sinon, brûlez-le. Mais, après tout, point d’entreprise sans faveur, point de succès sans protection, et je crois qu’il faut avoir raison de ce scélérat. Je demande que M. Hérault fasse une petite réponse, ou la fasse faire en marge de mes questions.

J’imagine qu’il serait bon que Mme de Bernières m’écrivît un mot qui attestât, en général, l’horreur des calomnies du libelle. Je vous supplie d’en exiger autant de Thieriot. Sa conduite est insupportable ; il négocie avec Cirey ; il s’avise de faire le poli-

  1. Jean-Baptiste-François Durey de Meinières (ou Mesnières), président de la seconde chambre des requêtes et beau-frère de René Hèrault, lieutenant gènèral de police. Il épousa, en secondes noces. Octavie Guignard, veuve de l’avocat Bellot, dame connue, sous ce dernier nom, par plusieurs ouvrages. Le président de Meinières est mort le 27 septembre 1785 ; il était né le 21 avril 1705. Voltaire fut en correspondance avec ce magistrat.