qui résulte de la conviction de la calomnie ; je vous la soumettrai. Je suis trop heureux qu’enfin tout ayant été vomi il puisse s’ensuivre une guérison parfaite.
Mon cher abbé, voici un paquet qu’il faut sur-le-champ envoyer à M. le chevalier[2]… non : lisez-le, portez-le vous-même ; qu’il l’imprime ; qu’il n’y ait pas le moindre retardement. L’ouvrage est sage, intéressant et nécessaire. Il vaudra quelque argent au chevalier. On en peut tirer au moins cinq cents exemplaires ; qu’on corrige les fautes de copiste ; qu’on n’épargne rien ; que l’impression soit belle, sur le plus beau papier. Donnez cinquante livres d’avance à ce cher chevalier ; qu’il m’écrive régulièrement et amplement ; qu’il m’envoie les feuilles à corriger. Je vous conjure d’envoyer quelqu’un acheter la Voltairomanie chez Chaubert, en présence de deux témoins : cela suffira. Vous en ferez faire un petit procès-verbal, recordé des deux témoins, chez un commissaire, secrètement ; et nous poursuivrons en temps et lieu. Abouchez-vous avec le chevalier pour cela, je vous en prie.
Adieu ; je suis malade. Je vous embrasse.
Il est bon de ne tirer d’abord que cinq cents exemplaires.
J’espère que nous en aurons une seconde édition.
Pourquoi avez-vous écrit une lettre[3] sèche et peu convenable à Mme du Châtelet, dans les circonstances présentes ? Au nom de notre amitié, écrivez-lui quelque chose de plus fait pour son cœur. Vous connaissez la fermeté et la hauteur de son caractère ; elle regarde l’amitié comme un nœud si sacré que la moindre ombre de politique en amitié lui paraît un crime.
Comment lui dites-vous que vous haïssez les libelles autant que vous aimez la critique, après lui avoir envoyé la lettre manuscrite contre Moncrif, les vers contre Bernard, contre Mme Sallé ? Que voulez-vous qu’elle pense ?