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imprimer cette lettre et ce factum prétendu que pour intimider et tirer de l’argent.

Jore est allé trouver monsieur le garde des sceaux. Je crois qu’il en aura été reçu comme il le mérite. Il y a autant d’absurdité que de scélératesse dans la conduite de cet homme, et il est bien étrange que l’avocat Bayle veuille les partager. Enfin, monsieur, j’attends tout de votre équité et de votre protection.

Si vous parliez un peu au sieur Bayle, je suis persuadé qu’il n’oserait plus se mêler d’une affaire si odieuse, qui a été refusée par quatre avocats.


605. — À M. LE LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].

Puisque vous voulez bien être médiateur au lieu de juge, je vous supplie très-instamment de ne me pas condamner par l’arbitrage à une somme que certainement aucun jugement ne me ferait jamais payer. Il ne faut pas être grand jurisconsulte pour savoir qu’un créancier sans titre, et auquel on oppose des écrits valant quittance, n’a rien à demander. M. Rouillé, qui vous a dit que j’avais offert mille francs pour acheter le silence de ce misérable et pour éviter un procès ridicule, n’a pas été bien informé. M. Lenormand, qui sait bien que je gagnerais en justice avec dépens, m’avait conseillé d’acheter la paix avec cinquante pistoles. Mais, pour mille francs, il n’en a jamais été question, et je vous jure que je n’ai ni le pouvoir ni la volonté de les donner.

Il dépend de vous, monsieur, d’interposer votre autorité. Je vous prie de considérer que, si j’étais obligé de payer cent pistoles à cet homme, c’est tout au plus ce que vaut l’édition : il paraîtrait donc qu’en effet je ne l’avais point payé. Ainsi, par l’événement de la médiation et de l’arbitrage, il m’en coûterait cent pistoles, et je serais déshonoré, au lieu qu’en plaidant il ne me faut qu’une audience pour faire casser sa procédure et le faire condamner aux dépens.

J’attends, monsieur, une décision de vous, et j’espère beaucoup de votre justice et de votre bonté pour moi.

16 juin.

Le sieur Jore persiste toujours dans le dessein de faire imprimer cette lettre que vous lui avez redemandée, et qu’il refuse si insolemment de vous remettre.

Son avocat, Bayle, le soutient dans cette mauvaise manœuvre,

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.