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le suis n´a pas le temps de prendre des précautions contre la perfidie et la mauvaise foi. Mais quand on me force enfin de m’appliquer à soutenir mes droits, on trouve alors un homme avec lequel il faut compter.

La Bauche[1] avait refusé tous les accommodements avantageux que lui avait proposés votre frère. Je l’ai fait condamner aux conseils, tout d’une voix ; elle m’a demandé pardon publiquement, et m’a payé, en présence des juges, un argent que je lui aurais abandonné si elle avait voulu entendre raison.

J’aurai la même justice de Jore ; et, comme il est plus fripon, j’aurai une justice plus sévère. Vous y êtes intéressé d’autant plus que vous vous trouvez compromis dans le seul titre qu’il prétende avoir contre moi, et qu’il abuse de votre nom. M. d’Argental m’a conseillé de pousser l’affaire. M. Rouillé approuve et protège ma fermeté. J’en ai écrit à monsieur le garde des sceaux ; je vous rends compte de toutes mes démarches. Mon amitié souffrirait si je faisais un pas qui vous fût caché.

Mes respects à Pollion[2].


604[3]. — À M. LE LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[4].
15 juin 1736.

Je vous supplie de vouloir bien garder cette lettre. Je suis obligé de partir dans deux jours. J’ai laissé tous les papiers concernant l’affaire de Jore au sieur Robert, avocat, rue du Mouton, près la Grève.

J’ai besoin, pour avoir mainlevée des saisies faites par Jore, ou d’une sentence du Châtelet, ou d’un arrêt prononcé par vous, monsieur, comme commissaire du conseil, ou d’un ordre qui force ce scélérat à donner la mainlevée en le condamnant, comme vous le pouvez, à mille écus d’amende pour sa prévarication. Quelque parti que vous preniez, je ne doute pas, monsieur, que vous ne l’empêchiez d’imprimer cette lettre où monsieur le garde des sceaux et un de ses amis sont compromis.

M. Lenormand condamne bien fort le procédé du sieur Bayle, avocat, qui soutient Jore contre nous. Ce Bayle a avoué qu’il n’avait aucun titre pour intenter un procès, et qu’il ne voulait

  1. Les éditeurs ont lu Bauche. Mais nous croyons qu’il s’agit ici de l’éditeur d’Alzire et de Zaïre. Voyez la lettre à Berger du 5 avril, et celle à Thieriot du 16 mars. ( G. A.)
  2. La Popelinière.
  3. Éditeur, Léouzon Leduc.
  4. Hérault.