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quante livres une autre fois. Ayez la bonté de lui faire ce plaisir : je lui ai une grande obligation de vouloir bien s’adresser à moi. Le plus grand regret que j’aie dans le dérangement où Demoulin a mis ma fortune est d’être si peu utile à des amis tels que M. Berger. Enfin il faut songer à ce qui me reste plus qu’à ce que j’ai perdu, et tâcher d’arranger mes petites affaires de façon que je puisse passer ma vie à être un peu utile à moi et à ceux que j’aime

Je vous embrasse tendrement, mon cher abbé.


594. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 13 (avril 1736). à Cirey.

Je vous supplie instamment, mon cher abbé, sitôt la présente reçue, de vouloir bien envoyer chez Mlle Quinault, rue d’Anjou, près de la rue Dauphine, ce joli petit secrétaire que je lui avais destiné. Il n’y a qu’à le faire laisser simplement chez elle, et faire dire que c’est de ma part. S’il y avait quelque chose à raccommoder pour le rendre plus propre, je vous prie d’y faire retoucher dans l’instant. Il faut tâcher que l’homme qui portera ce présent ne laisse pas à Mlle Quinault le temps de le refuser, et qu’il s’enfuie bien vite, dès qu’il l’aura donné à quelqu’un de la maison.

Vous ne me mandez rien ni des mémoires de l’Académie des sciences, ni de ce maigre visage. Courage donc, paresseux. Écrivez à votre ami.


595. — À M. DE FORMONT[2]

.

À Cirey, ce 16 avril[3].

Je fais partir par la même poste, mon cher et aimable philosophe, deux choses bien différentes : des rêveries métaphysiques, ci-jointes, et des rêveries poétiques intitulées les Américains, tragédie.

Ces Américains vont, sous l’enveloppe de M. Rouillé, à M. d’Argental, qui les fera tenir à notre charmant Cideville. Je vous embrasse tous deux. Il faudra bien croire à l’immortalité de l’âme, car, vous voyant si peu dans cette vie, j’espère que nous raison-

  1. Édition Courtat.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Les deux lettres suivantes sont datées du même jour, 15 avril ; l’une de Cirey, et l’autre de Paris. Voyez la note 1 de la lettre 600.