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losophe, son ode doit être brûlée ; par l´inquisition. Ayez, je vous prie, la bonté de me l’envoyer.

On me mande que Bauche va imprimer Alzire. Je lui ai envoyé il y a quinze jours, Zaïre corrigée, pour en faire une nouvelle édition. Ce sera peut-être lui que vous choisirez pour l’édition de la Henriade ; mais c’est à condition qu’il imprimera toujours français par un a, et non pas un o. Il n’y a que saint François qu’on doive écrire par un o, et il n’y a que l’Académie qui prononce le nom de notre nation comme celui du fondateur des capucins.

J’ai trouvé l’opéra[1] de M. de La Bruère plein de grâce et d’esprit. Je lui souhaite un musicien aussi aimable que le poëte.

J’ai écrit à gentil Bernard, pour le prier de m’envoyer ce qu’il aura fait de nouveau. Adieu, l’ami des arts et le mien.

P. S. La comédie du B…[2] est de Caylus. Voulez-vous bien me la faire tenir ? Envoyez-la chez Demoulin. Je ferai le bien que je pourrai au petit Lamare ; mais il faudrait qu’il fût plus sage et plus digne de votre amitié, s’il veut réussir dans le monde.


593. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[3].
Ce 7 (avril).

Mon cher abbé, vous avez grande raison d’être plus content du jeune homme à qui vous avez donné de l’argent que du sieur Lamare, et je crois leurs caractères fort différents. Je crois dans l’un encourager la vertu ; je ne vous dis rien de l’autre : vous le connaissez ; c’est à vous d’en juger.

Je vous prie de mettre une douzaine de livres de café dans le ballot que vous voulez bien m’envoyer : je vous serai très-obligé.

Je compte que vous m’enverrez incessamment au moins un de mes portraits. Mandez-moi un peu, mon cher abbé, ce qu’on fait de mon maigre visage. Je ne m’y intéresse guère, mais mes amis en ont quelque envie, parce qu’il appartient à un homme dont ils connaissent le cœur.

Je vous prie, si vous avez de l’argent à moi, de donner cent livres à M. Berger, qui vous rendra cette lettre, et, si vous ne les avez pas, de vendre vite quelqu’un de mes meubles pour les lui donner, dussiez-vous lui donner cinquante livres une fois et cin-

  1. Les Voyages de l’Amour, opéra-ballet, musique de Boismortier, représenté le 3 mai 1736 ; voyez dans les Poésies mêlées, tome X, page 514, les vers de Voltaire à l’auleur.
  2. Le B… ou le J…-f….. puni, comédie en prose, en trois actes ; 1736. in-8o.
  3. Édition Courtat.