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serait horrible. Fari quæ sentiat[1] est ma devise avec vous. Répondez à ma dernière. Je vous embrasse.


583. — À M. L’ABBÉ MOUSSINO[2]^.
À Cirey, par Vassy, ce 21 mars 1736.

Mon cher abbé, j’aime mieux mille fois votre coffre-fort que celui d’un notaire : il n’y a personne à qui je me fiasse dans le monde autant qu’à vous ; vous êtes aussi intelligent que vertueux : vous étiez fait pour être le procureur général de l´Ordre des jansénistes, car vous savez qu’ils appellent leur union l’Ordre : c’est leur argot ; chaque communauté, chaque société a le sien. Voyez donc si vous voulez vous charger de l’argent d’un indévot. Vous pourrez dans l’occasion en faire de bons marchés de tableaux ; vous m’emprunterez de l’argent dans votre coffre ; vous me direz : J’ai besoin de cinq cents livres, de six cents livres ; et vous m’en donnerez une note ; vous aurez une bonne clef du coffre bien fermé ; vous aurez un petit registre à part ; vous augmenterez le commerce de Pinga, comme vous le jugerez à propos ; vous serez mon surintendant, en quelque endroit que je sois ; je vous donnerai d’abord un billet pour prendre chez Perret tout ce qui y sera ; je vous enverrai des procurations pour toucher d’autre argent ; Demoulin vous en donnera aussi, et le portera chez vous. Tout sera dans le plus profond secret ; nous pouvons avoir, l’un de l’autre, des nouvelles en quatre jours. Mandez-moi si cette charge vous plaît, et comment va le commerce de Pinga.

Aimez-moi, et resserrez les nœuds de notre amitié par la confiance et par les services réciproques.


584. — À M. JORE[3],
ancien libraire.
À Cirey, le 24 mars.

Vous me mandez, monsieur, qu’on vous donnera des lettres de grâce qui vous rétabliront dans votre maîtrise, en cas que

  1. Horace, liv. I, ép. iv. v. 9.
  2. Édition Courtat.
  3. Claude-François Jore. Il publia cette lettre dans le Mémoire qu’il fit paraître en juin 1736, qu’on reproduisit dans le Voltariana, et que nous avons donné sous le n° 606. La lettre y est datée du 25 mars. On ofrça Jore de la rendre.