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J’en ferais une fort grande de ne vous point aimer, et vous pouvez compter toujours sur moi.


577. — À M. L’ABBÉ ASSELIN[1],
proviseur d´harcourt, rue de la harpe.
À Cirey, par Vassy.

J’avais recommandé, monsieur, au petit de Lamare, de ne pas manquer de vous présenter de ma part un Jules César, et de vous remercier encore en mon nom de l’honneur que votre collège a fait à ma tragédie.

Je vois par le peu d’attention qu’il a eu à cette édition qu’il est très-capable d’avoir oublié son premier devoir : ainsi, à tout hasard, j’ai écrit pour qu’on vous présentât cet hommage que je vous dois.

Une des plus grandes fautes de Lamare dans cette édition a été d’omettre ce que je lui avais dicté expressément, touchant l’assassinat de César par Brutus son fils, et sur la manière dont on peut retrancher, si l’on veut, cet endroit. Il me paraît d’ailleurs que dans la lettre de M, Algarotti et dans celle qui est imprimée à la suite, il a laissé des choses qu’il devait assurément corriger.

Quoi qu’il en soit, j’apprends que l’abbé Desfontaines continue de me déchirer. C’est un chien poursuivi par le public, et qui se retourne, tantôt pour lécher et tantôt pour mordre. L’ingratitude est chez lui aussi dominante que le mauvais goût. Ses mœurs et ses livres inspirent également le mépris et la haine. L’exécration générale dans laquelle est ce malheureux ne me laisse pas soupçonner que vous ayez avec lui aucun commerce.

Je pourrai bien vous donner un jour une pièce encore sans femmes. Je serai le poëte d’Harcourt[2], mais je serai sûrement toujours votre ami. C’est un titre dont je me flatte pour la vie.


578. — À M. THIERIOT.
16 mars.

Mon cher ami, vous avez bien gagné à mon silence, Émilie a entretenu la correspondance.

N’admirez-vous pas sa lumière,
Son style aisé, sublime, et net ;

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. C’est-à-dire du collège d’Harcourt.