Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, par conséquent, ne sera pas loué par quelqu’un[1] que vous connaissez, auquel il ne reste plus ni goût ni talent, mais seulement de l’envie.

Je viens de voir une épigramme parfaite : c’est celle de notre petit Bernard sur la Sallé. Il a troqué son encensoir contre des verges ; il fouette sa coquine après avoir adoré sa déesse[2]. On ne peut pas mieux punir ce faste de vertu ridicule, qu’elle étalait si mal à propos.

Pitteri, libraire à Venise, qui débite la traduction de Charles XII, n’a pu obtenir la permission pour la Henriade, parce que j’ai l’honneur d’être à l’index.

Formont vient de m’envoyer de jolis vers sur Alzire. Vous les aurez bientôt, car tout ce qu’on fait pour moi vous appartient. Pour ma Métaphysique[3], il n’y a pas moyen de la faire voyager ; j’y ai trop cherché la vérité. Adieu, héros de l’amitié ; adieu, ami de tous les arts ; vos lettres sont le second plaisir de ma vie.

de madame du châtelet.
Voltaire veut que je signe sa lettre ; j’y mettrai avec grand plaisir le sceau de l’amitié ; je sens celle que vous avez marquée à votre ami, et je désire que vous en ayez pour Émilie.

574. — Á M. THIERIOT.
Cirey.

Je reçois votre lettre. Je vous prie de me faire avoir les Nouvelles à la main, et de dire à M. Lefranc tout ce que vous pourrez de mieux. On lui impute pourtant les Sauvages[4].

Je vais corriger encore Alzire et les Épîtres[5]. Je vous prie d’ajouter à toutes les marques d’amitié que vous devez à la

  1. J.-B. Rousseau, dont l’éloge, dans l´Épître de Clio, précède immédiatement celui de Voltaire. (Cl.)
  2. Ces mots, en lettres italiques, sont l’extrait du titre de l’épigramme en huit vers, dont voici les premiers :
    Sur la Sallé la critique est perplexe :
    L’un va disant qu’elle a fait maints heureux…
  3. Le Traité de Métaphysique cité plus haut, dans la lettre 527.
  4. Les Sauvages, parodie d’Alzire, sont de Romagnesi et Riccoboni.
  5. Par les épitres Voltaire désigne sans doute l´Épitre dédicatoire à Mme du Châtelet, qui toutefois ne se trouve pas dans la première édition d’Alzire ; et le Discours préliminaire qu’il devait adresser à Thieriot, et mettre à la fin de sa tragédie. Voyez la lettre 555.