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Je prie toujours votre frère de me dire d’où il tient l’Almanach du Diable, qu’il m’a envoyé d’office, et le Recueil du sieur Ferrand. Il peut et doit me le dire : je ne le commettrai point.

Le d’Arnaud avait promis d’apprendre à écrire. S’il avait une bonne écriture, je l’aurais placé. C’est un sot. Dites-lui cette vérité pour son bien.

Je me réfère aux précédentes pour tout le reste, À votre loisir, demandez à votre avocat son avis sur ces deux cas :

1° Un homme doit une rente viagère hypothéquée sur une terre. Il vend la terre sans avertir le pensionnaire viager. Que dit la loi à cela ? Et si ce vendeur a encore des biens libres, le viager a-t-il toujours son droit d’hypothèque ? S’il n’a pas de biens libres, que devient la rente viagère après la mort de ce débiteur ?

2° Un homme a des rentes viagères ; il s’en va à Utrecht pour jansénisme ou calvinisme, comme il vous plaira ; il doit cent mille francs, et avant de partir il délègue dix mille livres de rentes pour dix ans. Cependant on confisque son bien. La confiscation a-t-elle lieu ? Ses créanciers seront-ils payés ? Ses délégations sont-elles payables sa vie durant ? Deux belles questions ! Vale.

La boîte émaillée couverte de cristal de roche n’est pas ce qu’on demande. On s’est mieux expliqué depuis ma dernière. C’est une boîte d’or émaillée de fleurs en mosaïque. Il y en avait à Paris, il y a quelques années. Un de vos brocanteurs peut trouver cela.

Je vous embrasse.


845. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Remusberg, 28 mars[1].

Monsieur, j’ai reçu votre lettre du 8 de ce mois avec quelque sorte d’inquiétude sur votre santé. M. Thieriot me marque qu’elle n’était pas bonne ; ce que vous me confirmez encore. Il semble que la nature, qui vous a partagé d’une main si avantageuse du côté de l’esprit, ait été plus avare en ce qui regarde votre santé, comme si elle avait eu regret d’avoir fait un ouvrage achevé. Il n’y a que les infirmités du corps qui puissent nous faire présumer que vous êtes mortel ; vos ouvrages doivent nous persuader le contraire.

  1. Le 17 mars 1738. (Œuvres posthumes.) — La réponse à cette lettre est la lettre 853.