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que je possédais par procuration est entre les mains d’Émilie[1] : je n’oserais le réclamer, malgré l’envie que j’en ai ; je me contenterai de vous en faire souvenir modestement pour ne pas perdre la valeur de mes droits.

En vérité, monsieur, si la nature a le pouvoir de faire une exception à la règle générale, elle en doit faire une en votre faveur ; et votre âme devrait être immortelle, afin que Dieu pût être le rémunérateur de vos vertus. Le ciel vous a donné des gages d’une prédilection si marquée qu’en cas d’un avenir j’ose vous répondre de votre félicité éternelle. Cette lettre-ci vous sera remise par le ministère de M. Thieriot. Je voudrais non-seulement que mon esprit eût des ailes, pour qu’il pût se rendre à Cirey, mais je voudrais encore que ce moi matériel, enfin ce véritable moi-même, en eût pour vous assurer de vive voix de l’estime infinie avec laquelle je suis, monsieur, votre très-affectionné ami,

Fédéric

793. — À M. L’ABBE MOUSSINOT[2].
3 décembre (1737).

Mon cher abbé, en réponse à votre lettre du 23 (novembre), je vous prie de recevoir les deux mille quatre cent soixante-une livres de M. Clément, et de vous faire donner quittance des frais payés par vous pour M. de Richelieu, afin que cela puisse être représenté, quand il y aura de nouveaux comptes à faire avec lui. Je m’en remets à vous pour tout, et pour la terre du Faou comme pour tout le reste.

Les trois caisses sont arrivées. Je vous demande en grâce d’envoyer monsieur votre frère chez Prault, presser l’envoi des livres qu’il m’a promis. De plus, Prault doit cinquante livres à monsieur votre frère, pour pot-de-vin : je veux qu’il les paye.

J’attends le pâté.

Si monsieur votre frère peut retrouver le Cresphonte, vieille tragédie française, il me fera grand plaisir de me renvoyer.

Je vous embrasse de tout mon cœur.


794. — À MADAME DE CHAMPBONIN.
De Cirey, décembre.

Aimable amie, je n’ai point été libre jusqu’à ce moment ; pardon ! mais sachez que c’est à moi et à ma nièce[3] à vous remer-

  1. Voyez lettre 778.
  2. Edition Courtat.
  3. Mlle  Mignot aînée, que son oncle avait envie de marier à un parent de Mme  de Champbonin. (Cl.)