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pénétré de particules de feu ! qui ont augmenté son poids. Cinq livres de feu ! Cinq livres de lumière ! Cela est admirable, et si admirable, que je ne le crois pas.

D’autres personnes ont fait des expériences dans la vue de peser le feu ; ils ont mis de la limaille de cuivre et de la limaille d’étain dans des retortes de verre bouchées hermétiquement ; ils ont calciné cette limaille, et ils l’ont trouvée augmentée de poids :

Une once de cuivre a acquis quarante-neuf grains ;

Une once d’étain a augmenté son poids de quatre grains ;

L’antimoine calciné aux rayons du soleil par le verre ardent a aussi, dit-on, augmenté de poids entre les mains du chimiste Homberg.

Je veux que toutes ces expériences soient vraies ; je veux que les matières dans lesquelles on tenait les métaux en calcination n’aient point contribué à augmenter le poids de ces métaux ; mais, moi qui vous parle, j’ai pesé plus d’un millier de fer tout rouge et tout enflammé, et je l’ai ensuite pesé refroidi : je n’ai pas trouvé un grain de différence. Or il serait bien singulier que vingt livres de plomb calciné pesassent cinq livres de plus, et qu’un millier de fer ardent n’acquît pas un grain de pesanteur. Voilà, mon cher abbé, ce qui me tient en échec depuis près d’un mois.

Voici maintenant la grâce que je vous demande : transportez-vous chez votre voisin le sieur Geoffroy, apothicaire de l’Académie des sciences ; liez conversation avec lui au moyen d’une demi-livre de quinquina que vous lui achèterez et que vous m’enverrez.

1° Ayez la bonté de lui demander s’il a fait l’expérience rapportée par Lemery, chapitre v, et s’il a trouvé que vingt livres de plomb calciné pèsent vingt-cinq livres ;

2° S’il a vu les expériences de l’antimoine au verre ardent ; si l’antimoine acquiert du poids en se pénétrant des rayons du soleil, et si aucune matière ne s’y mêle ;

3° S’il a vu, et s’il a fait les expériences du cuivre et de l’étain dans des retortes de verre.

Vous êtes un négociateur très-habile ; vous saurez aisément ce que M. Geoffroy pense de tout cela, et vous m’en manderez des nouvelles, le tout sans me commettre le moins du monde.

Cela fait, il faudrait m’avoir :

1° Un excellent thermomètre ; un baromètre : les plus longs sont les meilleurs ;