M. d´Aremberg, convaincu de ses impostures, et, qui pis est, ennuyé de lui, ne veut plus le voir. Il est réduit à un juif nommé Médina[1], condamné en Hollande au dernier supplice. Il passe chez lui sa journée au sortir de la messe. Il communie, il calomnie, il ennuie ; n’en parlons plus.
Le prince royal est plus Titus, plus Marc-Aurèle que jamais.
J’ai écrit aux deux aimables frères[2]. Ce sont les plus aimables amis que j’aie après vous. Je n’ai point vu le nouveau rien de l´ex-jésuite[3].
Mon cher Cideville, j’ai reçu vos lettres, où vous faites parler votre cœur avec tant d’esprit. Pardon, mon cher ami, si j’ai tardé si longtemps à vous répondre. Je vais bien haïr la philosophie, qui m’a ôté l’exactitude que l’amitié m’avait donnée. Que gagnerai-je à connaître le chemin de la lumière et la gravitation de Saturne ? Ce sont des vérités stériles ; un sentiment est mille fois au-dessus. Comptez que cette étude, en m’absorbant pour quelque temps, n’a point pourtant desséché mon cœur ; comptez que le compas ne m’a point fait abandonner nos musettes. Il me serait bien plus doux de chanter avec vous,
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Lentus in umbra,
Formosam resonare docens Amary llida sylvas,
que de voyager dans le pays des démonstrations ; mais, mon cher ami, il faut donner à son âme toutes les formes possibles. C’est un feu que Dieu nous a confié, nous devons le nourrir de ce que nous trouvons de plus précieux. Il faut faire entrer dans notre être tous les modes imaginables, ouvrir toutes les portes de son âme à toutes les sciences et à tous les sentiments ; pourvu que tout cela n’entre pas pêle-mêle, il y a place pour tout le monde. Je veux m’instruire et vous aimer ; je veux que vous soyez newtonien, et que vous entendiez cette philosophie comme vous savez aimer.
Je ne sais pas ce qu’on pense à Rouen et à Paris, et j’ignore la raison pour laquelle vous me parlez de Rousseau. C’est un