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Voici une copie plus exacte de la Newtonique, vous pouvez la donner ; mais il faut commencer par des gens un peu philosophes et poëtes :

· · · · · · · · · · · · · · · Pauci quos æquus amavit
Jupiter
· · · · · · · · · · · · · · ·

(Ænéid., liv. VI, v. 129.)

Mon copiste[1], qui n’est ni poëte ni philosophe, avait mis, pour la période de vingt-six mille ans :

Six cents siècles entiers par delà vingt mille ans ;

ce qui faisait quatre-vingt mille ans, au lieu de vingt-six mille : bagatelle.

Mille compliments à vous, à votre Parnasse. Si vous voyez l’aimable philosophe Mairan, dites-lui qu’il songe à moi, qu’il vous donne sa lettre. Dites que je vais à Berlin, N’écrivez plus jamais qu’à Mme Faverolles, à Bar-sur-Auhe : retenez cela. Réponse sur tous les articles. Aimez-moi ; adieu, Mersenne.


687. — À MADEMOISELLE QUINAULT.
Cirey, ce 26… 1736.

On ne peut être plus touché que je le suis de la vivacité tendre avec laquelle vous daignez m’avertir de ce qui se passe, et de ce que j’aurais dû prévenir ; vous me prouvez bien qu’en vous l’actrice, quelque parfaite qu’elle soit, est bien au-dessous de la personne : vous êtes adorable, et je vous suis tendrement attaché pour toute ma vie. Cela est bien certain ; mais si vous aviez pour moi autant d’amitié que je le désire, vous n’auriez pas refusé mes petites étrennes : c’est me traiter bien rigoureusement. Je compte bientôt prendre la liberté de vous envoyer des colifichets de Prusse, car je suis sur mon départ. Mme du Châtelet ira en Lorraine pour ses affaires, et moi, pendant ce temps-là, je ferai une petite visite au prince royal de Prusse, qui veut absolument que j’aille le trouver. Vous m’avez pris pour un poëte, et les Allemands, je ne sais sur quoi fondés, me prennent pour un philosophe ; peut-être ne suis-je ni l’un ni l’autre.

Je laisse entre vos mains, comme de raison, la destinée de l’Enfant prodigue. En vérité, je ne sais où j’en suis : je ne conçois

  1. Céran, cité à la fin de la lettre 454.