vous êtes l´auteur du Mentor cavalier[1] qui se débite à Paris, sous votre nom. J’aurais sur cela plusieurs choses très-importantes à vous dire.
Vous pourriez envoyer à Nancy, à Mme du Châtelet, vos ouvrages ; mais, si vous vouliez vous-même venir faire un petit voyage à Cirey, incognito, vous y trouveriez des personnes qui sont pleines d’estime pour vous, et qui feraient de leur mieux pour vous bien recevoir.
Ne pourriez-vous pas faire insérer dans quelques gazettes que M. le duc d´Aremberg a chassé Rousseau pour punir l´insolence que ce misérable a eue de le citer pour garant des impostures répandues dans son dernier libelle ? Ce n’est pas tout ; il sera poursuivi en justice à Bruxelles. C’est rendre service à tous les honnêtes gens que de contribuer à la punition d’un scélérat.
Adieu, monsieur ; je m’intéresserai toujours à votre gloire et à votre bonheur. Je vous suis attaché tendrement.
On me mande de Hollande que Rousseau a été chassé de chez M. le duc d´Aremberg, pour l’avoir faussement cité dans un libelle que Rousseau et l’abbé Desfontaines firent imprimer contre moi, il y a quelques mois, dans la Bibliothèque française.
M. le duc d’Aremberg m’a écrit pour désavouer l´insolence et la calomnie de Rousseau. Est-il vrai que ce misérable soit protégé par Mme la princesse de Carignan ?
Faites vite un bon marché avec Prault, et, s’il ne veut pas donner ce qui convient, faites affaire avec un autre. Vous aurez incessamment l’Enfant et la préface[2]. Adieu, mon cher ami ! Où êtes-vous donc ? Vous m’oubliez bien. Vous ne savez donc pas combien j’aime vos lettres. Comment va l’Enfant ? Adieu,
Un solitaire, monsieur, qui ne prend guère d’intérêt à ce monde qu’autant qu’on vous y rend justice et que vous y pouvez être heureux, prend une part bien sensible à la petite marque