Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonne. Prêtez-vous donc, je vous prie, à ce nouveau genre d’opéra, et disons avec Horace :

imitatores servum pecus ! · · · · · · · · · · · · · · ·

(Hor., liv. I, ép. xix, v. 19.)

Je m’occupe à présent à mettre la dernière main à notre Henriade,

· · · · · · · · · · · · · · · Faisant ore un tendon[1],
Ore un repli, puis quelque cartilage,
Et n’y plaignant l’étoffe et la façon.

Mes tragédies et mes autres ouvrages ont bien l’air d’être peu de chose. Je voudrais qu’au moins la Henriade pût aller à la postérité, et justifier votre estime et votre amitié pour moi. Je vous embrasse ; buvez à ma santé chez Pollion[2].


545. — Á M. DE FORMONT[3].
Á Cirey, le 13 janvier.

Aimable philosophe, nous avons reçu votre prose et vos vers : la prose est d’un sage, les vers sont d’un poëte.

Votre style juste et coulant,
Votre raison ferme et polie,
Plaisent tous deux également
À la philosophe Émilie,
Qui joint la force du génie
À la douceur du sentiment.
Entre vous deux assurément
Le ciel mit de la sympathie.
À l’égard de notre Linant,
Il vous approuve, et dort d’autant,
Commence un ouvrage et l’oublie.
Moi, je raisonne et versifie ;
Mais non, certes, si doctement
Que votre sage Polymnie.

Voilà de la rimaille qui m’a échappé ; venons à la raison, que je n’attraperai peut-être point.

Il est vrai que nous ne pouvons comprendre ni comment la

  1. Le Faiseur d’oreilles et le Raccommodeur de moules, liv. Il des Contes de La Fontaine, v. 47.
  2. Ce nom désigne La Popelinière ; voyez la lettre 570.
  3. Vovez la lettre 547.