court sous mon nom. Il faut encore m’envoyer cela : car nous aimons les vers, tout philosophes que nous sommes à Cirey.
Or qu’est-ce que Pharamomd[1] ? A-t-on joué Alzire à Londres ? Écoutez, mon ami, gardez-moi, vous et les vôtres, le plus profond secret sur ce que vous avez lu chez moi[2], et qu’on veut représenter à toute force.
J’ai grand’peur que le petit Lamare, grand fureteur, grand étourdi, grand indiscret, et super hæc omnia ingratissimus, n’ait vu le manuscrit sur ma table : en ce cas, je le supprimerais tout à fait. Émilie vous fait mille compliments. Ne m’oubliez pas auprès de Pollion et de vos amis. Adieu, mon ami, que j’aimerai toujours. Que devient le père d’Aglaure ? Adieu, écrivez-moi sans soin, sans peine, sans effort, comme on parle à son ami, comme vous parlez, comme vous écrivez. C’est un plaisir de griffonner nos lettres ; une autre façon d’écrire serait insupportable. Je les trouve, comme notre amitié, tendres, libres et vraies.
Je vous prie, mon cher monsieur, de vouloir bien m’envoyer les premières feuilles de la Henriade, dans un paquet. Si tout le poëme est imprimé à présent, ayez la bonté de faire tenir un exemplaire à l’abbé Moussinot, qui me l’enverra par le coche de Bar-sur-Aube. Par quel chemin m’avez-vous donc envoyé toutes ces nouveautés dont vous me parlez ? Je n’en ai reçu aucune, et voilà trois ordinaires sans le moindre mot de vous. Je suis toujours un peu languissant. Je n’ai point d’esprit. J’attends vos lettres pour en avoir.
Faites-moi voir, je vous prie, cette Réponse que je crois de La Chaussée ; mais surtout écrivez-moi. J’aime mieux votre prose que la plupart des vers de tous nos auteurs.
On vous attend à Cirey, mon cher ami ; venez voir la maison dont j’ai été l’architecte. J’imite Apollon : je garde des troupeaux,