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réponse[1] de Libanius à Julien ; il doit vous la communiquer. Vous aurez incessamment la préface[2], ou plutôt l’avertissement de Linant, puisque ni vous ni Thieriot n’avez voulu faire la préface de la Henriade. Continuez, mon cher ami, à m’écrire ces lettres charmantes qui valent bien mieux que des préfaces. Embrassez pour moi les Crébillon, les Bernard, et les La Bruère. Adieu.


642. — À M. L’ABBÉ D’OLIVET.
À Cirey, ce 12.

Il y a quelquefois, mon cher abbé, des puissances belligérantes qui se disent des injures. Rousseau et moi, nous sommes du nombre, à la honte des lettres et de l´humanité. Mais que faire ? La guerre est commencée : il la faut soutenir. La réponse[3] est prête, mais avec pièces justificatives en main. Ce misérable a l’insolence de citer dans sa lettre M. le duc d’Aremberg, lequel vient de m’écrire que Rousseau est un faquin qui l’a compromis très-faussement, et auquel il a lavé la tête. Mon cher abbé, Rousseau n’empêchera pas que la Henriade ne soit un bon ouvrage, et que Zaïre et Alzire n’aient fait verser des larmes. Il n’empêchera pas non plus que je ne sois le plus heureux homme du monde par ma fortune, par ma situation, et par mes amis ; je voudrais ajouter par ma santé et par le plaisir de vivre avec vous.

Si vous m’aimez, si vous voulez m’instruire, envoyez-moi ce, que vous voulez bien me promettre[4] par M. d’Argental, votre voisin, qui fera contresigner par M. Rouillé le tout, en cas que le paquet soit trop gros : car, s’il ne contenait que quatre ou cinq feuilles, il faut l’envoyer par la poste tout simplement. Je l’attends avec l’empressement d’un disciple et d’un ami.

Si vous avez la réponse aux mauvaises Épîtres de Bousseau, je vous prie de me l’envoyer.


643. — À M. BERGER.
À Cirey, le 18 septembre.

Je ne sais, mon cher éditeur, ce que c’est que cette énorme Réponse de huit cents vers aux fastidieuses Épîres de Rousseau.

  1. Voyez la lettre 631.
  2. La préface de la Henriade, (édition de 1737. Elle est en tête du tome Ier des Œuvres de M. de Voltaire ; Amsterdam, 1738. (Cl.)
  3. C’est la lettre du 20 septembre, n° 646
  4. Le Traité de la Prosodie française, par d’Olivet, 1736, in-12.