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CORRESPONDANCE.

m’accuse et que je n’ai jamais vue, mais que j’aie jamais eu la moindre part à aucune des chansons faites contre la cour[1]. J’espère d’ailleurs justifier par ma conduite les bontés dont vous m’avez honoré autrefois.

Je suis avec beaucoup de respect et de reconnaissance, etc.



34[2]. — À M. LE COMTE DE MAUREPAS.
Châtenay, 20 mai 1718.

Monseigneur, si vous avez quelque pitié de mes malheurs, et si vous daignez faire usage avec moi de l’inclination que vous avez à faire du bien à tout le monde, je vous conjure de me faire avoir la permission de venir à Paris pour deux heures seulement ; je ne veux qu’avoir l’honneur de vous entretenir un moment, et me jeter aux pieds de Son Altesse royale. J’attends de la justice et de la bonté d’un prince si clément qu’il aura quelque égard à ce que j’aurai l’honneur de lui représenter, et qu’il sera touché de la perfidie affreuse dont j’ai dans ma poche la preuve convaincante. L’intérêt de mon honneur et de ma vie, et j’ose dire celui du public, m’engagent à vous presser de m’accorder cette grâce, et votre générosité ne me permet pas de douter que vous ne me l’accordiez. Je n’ai point de termes assez forts pour vous marquer le besoin que j’ai de cette faveur et la reconnaissance éternelle que j’aurai pour vos bontés[3].

Je suis avec le dévouement le plus respectueux, etc.



35. — À MONSEIGNEUR LE DUC D’ORLÉANS, RÉGENT.
1718.

Monseigneur, faudra-t-il que le pauvre Voltaire ne vous ait d’autres obligations que de l’avoir corrigé par une année de Bastille[4] ? Il se flattait que, après l’avoir mis en purgatoire, vous

    riques et historiques avec des remarques curieuses, années 1717-18, vol. XIV (mars 1717), folio 47.

  1. Voyez tome X, pages 473-474.
  2. Revue rétrospective, 1834, Détentions de Voltaire.
  3. Voltaire obtint, le même jour, permission de venir à Paris pour vingt quatre heures seulement.
  4. M. Ancelot, dans son voyage intitulé Six Mois en Russie, dit avoir vu, en 1820, à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg, le portefeuille enlevé à Voltaire, lors de sa détention à la Bastille. Ce portefeuille, d’où proviennent les lettres 31 et 32, est à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg, sous le