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bonheur de la voir, et j’avais le malheur d’être bien loin ; enfin me voici revenu, mais me voici loin de vous. Il manque toujours quelque chose au bonheur des hommes. J’ai reçu un paquet que je n’ai pas encore eu le temps d’ouvrir. J’y verrai tous les charmes de votre esprit ; ce sera l’aimant de mon imagination. J’ai vu le gros Linant, mais je n’ai pas encore vu sa pièce. Je souhaite qu’elle se porte aussi bien que lui.

Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse bien tendrement.

Notre cher Formont devrait bien regretter Paris, si vous n’étiez point à Rouen. Je me flatte que M. du bourg-Theroulde veut bien se souvenir de moi. Pour M. de Brèvedent, s’il savait que j’existe, j’ambitionnerais bien son amitié. Adieu ; ne vous verrai-je donc jamais ?


471, — Á M. DE FORMONT[1].
1er avril 1735.

Je n’ai que le temps, mon cher ami, de vous dire qu’il est bien triste d’arriver à Paris quand vous en partez. M. Thieriot m’assure qu’il a obtenu de vous la faveur d’entendre des vers charmants de votre façon. Votre épître sur la décadence des arts m’a mis en goût. Il faut que j’aie le reste. Les arts ne tombent point en France, si le reste de vos ouvrages répond à ce morceau.

J’ai envoyé à M. de Cideville bien des guenilles, et c’est solidairement pour vous ; il m’a déjà payé, payez-moi aussi.

J’ai lu Julien ; c’était un grand homme, mais le Père de La Bletterie ne l’est pas : il mérite pourtant bien des éloges, pour n’avoir pas toujours été prêtre à préjugés dans son histoire.

Linant est chez moi avec deux actes ; mais je veux avoir sa maison tout entière ; deux chambres ne suffisent pas pour en juger.

Je vous embrasse tendrement.


472. — Á M. DE CIDEVILLE.
Ce 12 avril.

Je suis à Paris pour très-peu de temps, mon cher ami ; soyez bien sûr que, si je pouvais disposer de huit jours, je viendrais les passer auprès de vous, Savez-vous bien que tout ce grand bruit, excité par les Lettres philosophiques, n’a été qu’un malen-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.