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455. — Á M. THIERIOT[1].
Cirey, 1735.

My dear friend, I received just now your letter and the good hope together to see you : however it is very likely I shall not see you at Paris, for my présent purpose is to stay a year or two in the country. I build a very pretty house for the lady du Ch… this amusement, endeared to me by ties of friendship, will retain me from Paris with a great deal of pleasure. You know Apollo turned builder when he was cast out from the Heavens ; and I am in the Heavens when I turn a builder for the sake of my friends. Therefore I begin by praying you earnestly d′apporter avec vous deux petites serrures d′Angleterre, de cuivre, extrêmement jolies ; the fables of Dryden ; deux ou trois volumes of these letters, and some few of the best books you know on priesthood.

Si vous manquez d’argent pour ces commissions, ayez la honte d’en demander de ma part a mon ami Falkener, qui tirera une lettre de change sur M. Demoulin, vis-à-vis Saint-Gervais, à Paris ; et, si vous pouvez avancer cet argent, Demoulin a ordre de vous le rendre a votre retour. J’ignore la demeure de Falkener : je vous prie instamment de me la mander, afin que je lui écrive.

Au reste, les emplettes dont je vous supplie de vous charger sont peu de chose : ce qu’il y a de plus cher, ce sont les deux serrures, qui coûtent, je crois, une guinée la pièce.

    qui que ce soit qui connaîtra ma personne, ma façon de penser et ma conduite, ne pourra me haïr ou me mépriser.


    Vous n’attendrez pas de nouvelles d’un pauvre campagnard qui se croit seul sur la terre, et qui ne voit âme qui vive, homme ni femme, dans le lieu du monde le plus solitaire. Quand vous n’aurez rien de mieux à faire, ne pourriez-vous pas m’écrire sans gêne ce que vous entendez et voyez chaque jour dans Paris ? Je suis condamné à vivre ici jusqu’au 10 de décembre, et aucune sollicitation ne pourrait engager le pape à abréger mon exil.


    Cleveland et cette chère Fanny m’occupent encore. Plusieurs de mes amis, dont je dois croire les conseils et la sagesse, sont d’avis que je ne publie aucun ouvrage d’amour jusqu’à ce que le temps fixé pour ma retraite soit fini : c’est la seule raison pour laquelle la seconde partie du Doyen de Killerine n’a pas encore été imprimée.


    Point de compliment pour votre Psyché*, puisque vous croyez cela si dangereux pour mon repos. Je ne veux non plus la revoir que lorsque j’aurai cent mille francs de rentes ; alors je pourrai aimer, le dire, et espérer d’être bien reçu.


    Adieu, mon cher monsieur ; avez-vous vu M. de Chaster ?

    Votre humble serviteur.
    L’abbé Prévost.
    *. Mlle Sallé

  1. Pièces inédites, 1820.