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vous aime, et combien je vous suis dévoué. Si j’étais avec toute autre qu’avec elle, je vous prierais de me plaindre.

Adieu ; aimez-moi un peu, vous me l’avez promis, et j’y compte, car je vous aime de tout mon cœur.


443. — Á MADAME DE CHAMPBONIN.
De Cirey.

Ce n’est pas seulement moi qui vous écris, mon aimable Champbonin, c’est Mme de Cirey, dont j’ai l’honneur d’être le très-humble secrétaire. Cette dame de Cirey est très-fàchée du peu de foi que vous avez. Elle est occupée, tout le jour, à faire carder les laines de vos matelas, et à vous faire placer de grands carreaux de vitre à travers lesquels vous passerez toute brandie, malgré l’embonpoint que je vous ai toujours reproché.

Préparez-vous à vous laisser enlever, dans deux ou trois jours, et soyez inexorable avec M. de Champbonin. Retenez bien que Mme de Cirey vous aime de tout son cœur ; autant en fait Voltaire.


444. — Á MADAME LA COMTESSE DE LA NEUVILLE.

Je maudis, madame, tous tapissiers, tous maçons, tous couvreurs, qui empêchent Mme du Châtelet d’aller vous voir. C’est donc de lundi en huit que son petit phaéton et ses grands chevaux la conduiront dans la cour de la Neuville. Figurez-vous, madame, que nous n’avons joué que trois parties d’échecs depuis huit jours, et pas une partie de piquet. En récompense, on fait des plans, on lit des philosophes et des poètes. On parle beaucoup de vous, on vous regrette, on vous désire, on s’entretient de toutes vos bonnes qualités, qui font le charme de la société. Si je m’en croyais, madame, je ne finirais pas, et je vous dirais longuement les choses du monde les plus tendres ; mais le véritable attachement n’est point bavard.


445. — Á MADAME DE CHAMPBONIN.
De Cirey.

Faisons ici trois tentes. Que Mme de Champbonin vienne dans le dépenaillement de Cirey, et que Voltaire ait le bonheur de vous y voir. Est-il possible qu’il faille absolument trois lits, parce qu’on