Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un mandement du cardinal de Bissy, ou de l’évêque de Laon. Messieurs tenant la cour du parlement, de grâce, souvenez-vous de ces vers :

Il est dans ce saint temple un sénat vénérable,
Propice à l’innocence, au crime redoutable,
Qui, des lois de son prince et l’organe et l’appui,
Marche d’un pas égal entre son peuple et lui, etc.

(Henriade, ch. IV, v. 399.)

Je me flatte qu’en ce cas les présidents Hénault[1] et Roujault, les Berthier[2], se joindront à vous, et que vous donnerez un bel arrêt par lequel il sera dit que Rabelais, Montaigne, l’auteur des Lettres persanes, Bayle, Locke, et moi chétif, serons réputés gens de bien, et mis hors de cour et de procès.

Qu’est devenu M. de Pont-de-Veyle ? d’où vient que je n’entends

    d’honneur, le 30 juillet 1743, il céda cette charge, en janvier 1768, à l’abbé de Chauvelin. Ce fut pour lui que l’on créa, en 1759, la place de ministre plénipotentiaire de l’infant, duc de Parme, auprès de Louis XV. Il la remplit jusqu’à la fin de 1763. Devenu veuf, au commencement de décembre 1774, trois mois après la mort de son frère, il eut encore, trois ans et demi plus tard, à pleurer celle de l’auteur du Temple de l’Amitié, dans lequel Voltaire et lui méritèrent d’occuper les deux premières places.


    La vie de Voltaire avait été, comme celle de Mahomet, un combat ; celle de d’Argental s’écoula et s’éteignit doucement, et il mourut à une heure du matin, dans la nuit du 5 au 6 janvier 1788.


    Il avait de la bonhomie dans l’esprit, et plus de jugement que d’imagination. Voltaire, meilleur juge que Marmontel qui le cite comme un gobe-mouche dans ses Mémoires, ne le consulta jamais sans profit sur ses principaux ouvrages. On a de lui quelques vers agréables, et, s’il n’est pas l’auteur des Mémoires du comte de Comminge et des Anecdotes de la cour d’Edouard II, romans publiés sous le nom de Mme  de Tencin, il paraît certain qu’il eut la principale et la meilleure part dans leur composition. Sans lui les éditeurs de l’édition de Kehl n’auraient recouvré qu’une faible partie des innombrables lettres qui, écrites par l’auteur de la Henriade, certainement sans songer qu’elles dussent être un jour recueillies et imprimées, sont devenues, de l’aveu même de M. Auger, une partie considérable des œuvres de Voltaire, on peut même dire de sa gloire. Il est fâcheux qu’on n’ait pu, jusqu’à ce jour, retrouver celles que Voltaire lui adressa de 1715 à 1734. (Voyez cependant le n° 142.) Elles ont échappé aux recherches de MM. de Beaumarchais, de Condorcet, et Decroix, qui ont consacre à d’Argental deux notes assez longues, l’une dans le tome LXIII de leur édition, et l’autre dans le tome LXX. (Cl.)

  1. Voyez son article, tome XIV, page 79.
  2. Vincent-Etienne Roujault, qui avait été sur le point d’épouser Mlle  de Lubert, surnommée Muse et Grâce par Voltaire, était alors président de la quatrième chambre des enquêtes. — Quant aux Berthier, dont l’un est cité plus haut, lettre 193, le premier, Louis-Bénigne Berthier de Sauvigny (beau-père de Mme  de Sauvigny, l’une des correspondantes de Voltaire, et sœur de Durey de Morsan, était président de la cinquième chambre des enquêtes : il mourut en 1745 ; le second était conseiller en la quatrième chambre, depuis 1715.