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fois, et de réflexions plus hasardées ? On me reprochera, dit-on, de mettre une lettre badine à la tête d’une tragédie chrétienne. Ma pièce n’est pas, Dieu merci, plus chrétienne que turque. J’ai prétendu faire une tragédie tendre et intéressante, et non pas un sermon : et, dans quelque genre que Zaïre soit écrite, je ne vois pas qu’il soit défendu de faire imprimer une épître familière avec une tragédie. Le public est las de préfaces sérieuses et d’examens critiques. Il aimera mieux que je badine avec mon ami, en disant plus d’une vérité, que de me voir défendre Zaïre méthodiquement, et peut-être inutilement. En un mot, une préface m’aurait ennuyé, et la lettre à Falkener m’a beaucoup diverti. Je souhaite qu’ainsi soit de vous. Adieu. On m’a dit que vous viendrez bientôt. Vous ne trouverez personne à Paris qui vous aime plus tendrement que moi, et qui vous estime davantage. Je suis pénétré de vos bontés.


299. — Á M. DE MONCRIF[1].

M. Rouillé a dû vous envoyer, mon cher ami, une certaine Zaïre. Je vous supplie d’en dire au plus vite votre sentiment. Ayez la bonté de bien assurer Son Altesse sérénissime que, si je ne souffrais pas comme un damné, presque tous les matins je serais à son lever. Adieu, venez donc souper chez nous, aimable Moncrif.


300. — Á M. CLÉMENT,
receveur des tailles, à dreux
À Paris, le 25 décembre.

J’étais à Versailles, monsieur, quand votre présent arriva à Paris. Mme  de Fontaine-Martel le mangea sans moi ; mais vous n’y perdez rien. Elle a beaucoup de goût pour ce qui est excellent en son genre ; elle a autant de gourmandise que d’esprit. Elle a trouvé votre marcassin admirable ; mais elle est encore plus touchée de vos vers et de l’agrément de vos lettres. Je vous remercie de tout mon cœur, monsieur, de votre souvenir obligeant. Je voudrais bien vous envoyer, pour vos étrennes, une édition plus complète des ouvrages que vous avez reçus avec tant d’indulgence. Je me flatte que je payerai incessamment votre marcassin

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.