Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Á son dur travail attaché,
Sur le haut du Pinde perché,
Arrache en se donnant au diable.
Vous rendez les amants jaloux ;
Les auteurs vont être en alarmes,
Car vos vers se sentent des charmes
Que l’Amour a versés sur vous.
Tressan, comment pouvez-vous faire
Pour mener si facilement
Les neuf pucelles dans Cythère,
Et leur donner votre enjouement ?
Ah ! prêtez-moi votre art charmant ;
Prétez-moi votre voix légère.
Mais ce n’est pas petite affaire
De prétendre vous imiter ;
Je ne suis fait que pour chanter[1],
Et les dieux vous ont fait pour plaire.
Je vous reconnais à ce ton
Si doux, si tendre, si facile.
En vain vous cachez votre nom,
Enfant d’Amour et d’Apollon,
On vous devine à votre style.

Revenez vite faire un enfant à toute autre qu’à la mère de Septimus, Si vous êtes actuellement avec MM, de Cideville et de Formont, je vous en fais à tous trois mon compliment, et Je vous porte envie à tous trois.


275. — Á M. DE CIDEVILLE.
Samedi, 9 d’août 1732.

Messieurs Formont et Cideville,
De grâce pardonnez au style
Qui ma Zaïre barbouilla,
Lorsqu’étant en sale cornette
À la hâte on vous l’envoya
Avant d’avoir fait sa toilette.

J’étais si pressé, messieurs mes juges, quand je fis le paquet, que je vous envoyai une leçon de Zaïre qui n’est pas tout à fait bonne. Mais figurez-vous que la dernière scène du troisième acte, et la dernière du quatrième, entre Orosmane et Zaïre, sont comme

  1. Variante : Je peux tout au plus vous chanter ;
                  Mais les dieux vous ont fait pour plaire