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CORRESPONDANCE.

S’il daignait envoyer chercher la troupe comique encore une fois, et lui recommander Ériphyle, ce serait une bonne action digne de lui. J’ai abandonné cette pièce aux comédiens, quant au profit ; mais pour la gloire, nous autres poètes ne sommes pas si généreux. Mon intérêt véritable, qui est celui de ma réputation, le droit que j’ai de faire continuer la pièce après Pâques, et surtout la protection dont m’honore monseigneur le comte de Clermont, me font espérer que les comédiens ne refuseront pas de jouer la pièce. Je sais bien qu’après les manières honnêtes et généreuses que j’ai eues avec eux ils auront envie de me nuire, attendu l’esprit de corps ; mais j’attends tout des bontés de Son Altesse sérénissime et de votre amitié.



247. — À M. DE MONCRIF[1].

Mon cher Abdérite[2], vous me jouez un cruel tour : je suis à l’agonie ; il m’est impossible de lire, de manger, de me remuer, de penser. Cependant je vais interrompre l’agonie pour venir dire à monseigneur le comte que je suis très-fâché de mourir sans lui obéir.



248. — À M. DE MONCRIF[3].
Ce vendredi 1732.

La princesse Ériphyle[4] est si charmée de la bonté qu’a un prince de France de lui donner sa loge qu’elle ne peut différer d’user de cette permission. Elle vous demande donc cette loge pour aujourd’hui vendredi ou pour dimanche. Ayez la bonté, mon cher monsieur, de faire sur cela ce que vous jugerez convenable pour faire plaisir à quelqu’un qui vous en a tant fait.

Vous savez que ma malheureuse santé ne me permet pas de sortir les matins ; sans cela je vous apporterais sa requête et la mienne.



249. — À M. DE MONCRIF.
Mars.

Muse aimable, muse badine,
Esprit juste et non moins galant,

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Moncrif travaillait à sa comédie des Abdérites.
  3. Éditeurs, Bavoux et François.
  4. Mlle de Ballicour.