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ANNÉE 1729.

lui ; j’irai quelque jour dîner chez lui, si ma misanthropie convient à la sienne. Je ne puis sitôt aller chez Mlle  Lecouvreur ; les papiers que je devais montrer au comte de Saxe sont encore chez l’ambassadeur de Suède.

Adieu. Voici la première prose que j’ai écrite depuis huit jours, les alexandrins me gagnent. Adieu, mon ami.

Mandez-moi s’il est bien vrai que Bonneval soit musulman. J’ai mes raisons, parce que j’écris demain à Constantinople, où j’ai plus d’amis qu’ici, car j’y en ai deux, et ici qu’un, qui est vous ; mais vous valez deux Turcs en amitié. Adieu.



196. — À M. THIERIOT[1].

Voltaire est homme d’honneur et de parole, s’il n’est pas homme de plaisir. Il ne pourra pas se mettre à table, mais il arrivera sur la fin de votre orgie, lui deuxième avec ce fou de Charles XII. Vale, amice, omnium leporum judex exquisite.

Sunday morning.



197. — À M. THIERIOT.

Décembre.

Vous êtes prié, demain jeudi, de venir dîner dans mon trou[2]. Je fais demain le rôle de Ragotin. Je donne à dîner aux comédiens, et je récite mes vers. Vous trouverez des choses nouvelles dans Brutus, qu’il faut que vous entendiez. D’ailleurs il n’est pas mal que vous buviez, with those who gave you your entrance free[3].

M. de La Faye, que je rencontrai ces jours passés à la Comédie, me dit qu’il voulait bien en être. J’ai donné une lettre au porteur pour lui ; mais je ne sais pas son adresse : je vous prie de l’écrire.



198. — À M. THIERIOT.

Fin de décembre.

Mon cher ami, je vous dis d’abord que j’ai retiré Brutus. On m’a assuré de tant de côtés que M. de Crébillon avait été trouver M. de Chabot, et avait fait le complot de faire tomber Brutus, que je ne veux pas leur en donner le plaisir. D’ailleurs, je ne crois

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Rue Traversière-Saint-Honoré, dans une maison appartenant au conseiller M. de Mayenville.
  3. « Avec ceux qui vous donnent votre entrée libre. »