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CORRESPONDANCE.



175. — À M. THIERIOT[1].

Wandsworth, 14 juin (n. s.), 1727.

I have received, by an unknown hand, my English essay’s translation ; I suppose it came from you, and I thank you for it. It is but a slight performance in English, but it is a ridiculous one in French ; for the articles relating to Milton, to sir John Denliam, Waller, Dryden, must needs be altogether out of the way of a French reader : besides abbot Desfontaines has been very far from doing one justice in many passages : he has mistaken the West-Indies for the East-Indies ; he has translated the cakes, which young Ascanius takes notice of being eaten by his countrymen, for la faim dévorante de Cacus. So he mistakes des assiettes et de la croûte de pâté for a giant and a monster. I have not the book by me at présent, and cannot remember all his oversights : but sure I am this little pamphlet did not at all deserve the trouble he has been at of putting it in the French language. I told you already, and I désire you to apprize your friends of it, that the English essay was but the sketch of a very serious work which I have almost finished in French, with all the care, the liberty and the impartiality I am capable of. I have done the like with the Henriade ; and since you have declined the

    tous les termes de philosophie les mêmes en français et en anglais. Prenez garde seulement de n’être pas prévenu par quelque prêtre ; soyez scrupuleux dans le choix de ceux que vous consulterez sur votre traduction. Je pense que l’évêque de Rochester est une connaissance plus aimable et beaucoup moins dangereuse que le prêtre dont vous me parlez ; mais j’imagine que vous êtes actuellement en Normandie fortifiant votre santé, passant le temps avec Mme  de Bernières et causant médecine avec des Alleurs. Il faut que vous sachiez, mon cher, qu’on a en Angleterre une machine pour prendre un lavement, qui est un chef-d’œuvre de l’art, car vous pouvez la mettre dans votre gousset et en faire usage quand et partout où il vous plaît. Si jamais j’ai le plaisir de vous revoir, soyez sûr que vous aurez une demi-douzaine de ces instruments délicieux.

    Adieu, ne parlez point de l’écrivain anonyme, ne dites pas que ce n’est point du milord Bolingbroke, ne dites pas que c’est un méchant ouvrage ; vous ne pouvez juger ni de l’homme ni de cet écrit. Je viens d’écrire un thème anglais au chevalier des Alleurs. J’ai adressé la lettre quai des Théatins. S’il ne l’a pas reçue, il faut l’en avertir, et qu’il ne la perde pas, car j’y ai mis toute ma médecine. Adieu, portez-vous bien.

    Non vivere, sed valere vita.

    Si vous avez besoin de vous mettre au régime de la diète, commencez vite et observez-le longtemps. Je vivrai demain, dit le fou, aujourd’hui c’est trop tard ; le sage vécut hier ; je suis le fou, soyez le sage, et adieu.

    *. Desfontaines.

  1. Pièces inédites, 1820.