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to my former friend miss Livry ; Mme de Bernières will read that of Tiriot : I intend hereafter to send her one for her library at la Rivière.

But I desire Tiriot not to attempt any thing about the printing of my book without acquainting me with it : I shall take it as a proof of his friendship to me.

Farewell, I love you sincerely without any compliment or ceremony[1].

March Last.
  1. Traduction : Mon cher monsieur, j’ai reçu dernièrement deux lettres de vous, l’une adressée à milord Peterborough et l’autre à milord Bolingbroke, tous les deux venant de partir pour la campagne, tandis que j’étais en ville : ce qui m’a privé de recevoir vos ordres aussitôt que je l’aurais dû, et que je l’aurais souhaité. J’ai envoyé ce matin, par le paquebot, un paquet renfermant trois exemplaires de la Henriade, avec votre adresse, pour vous être remis par la voie de M. Dunoquet, qui habite Calais, et qui prendra le soin de vous les envoyer par la voiture publique. S’ils étaient déposés à la douane à Paris, vous pouvez les réclamer, et ils vous seront rendus ; mais j’espère qu’on aura fait en sorte qu’ils vous soient envoyés directement, sans vous donner la peine d’en faire la demande.

    Un des livres est pour Thieriot, quoiqu’il m’ait entièrement oublié, et qu’il ne m’ait pas écrit un seul mot soit en français, soit en anglais. Il pourrait gagner beaucoup d’argent en les faisant imprimer en France ; dans le cas qu’il l’entreprenne, je dois au moins en être instruit, et je lui enverrai plusieurs corrections et changements aussi avantageux pour l’ouvrage que profitables pour lui.

    Vous verrez par quelques notes ajoutées à mon livre, et appuyées sur le témoignage d’un lord anglais, que je suis ici défenseur de la religion catholique. Quoique le poëme soit écrit dans une langue qui n’est pas appréciée ici relativement à la poésie, cependant trois éditions en ont été faites en moins de trois semaines, ce que, je vous assure, j’attribue entièrement au sujet heureux que j’ai choisi, et point du tout au mérite de l’exécution. Je ne vous envoie point encore ma grande édition, parce que j’ai réellement peur de n’avoir pas assez d’exemplaires pour répondre aux demandes des souscripteurs. J’ai fait savoir à plusieurs libraires en France que ma Henriade in-4o  était prête à être délivrée aux souscripteurs, à l’adresse que j’ai fixée à Londres : c’est celle de MM. Simon et Benezet, négociants près de la Bourse. Ils sont assez obligeants pour consentir à ce que l’ouvrage soit délivré chez eux à tous ceux qui se présenteront avec ma quittance. Je désire que vous vouliez bien dire à Thieriot qu’il peut faire connaître au public que je suis prêt à satisfaire les souscripteurs.

    J’ai été tenté de vous envoyer un essai que j’ai été assez hardi pour imprimer en anglais, il y a environ deux mois ; mais je n’ose envoyer rien de ce genre en France avant d’y avoir terminé mes affaires. J’ai eu le malheur de perdre toutes mes rentes sur l’Hôtel de Ville, faute d’une formalité. Comme je fais maintenant tous mes efforts pour les recouvrer, je crois qu’il ne serait pas prudent de faire connaître à la cour de France que je pense et que j’écris comme un libre Anglais. Je désire ardemment vous revoir, ainsi que mes amis ; mais j’aimerais mieux que ce fût en Angleterre plutôt qu’en France. Vous qui êtes un parfait Breton, vous devriez passer le canal et venir nous trouver. Je vous assure de nouveau qu’un homme de votre trempe ne se déplairait pas dans un pays où chacun n’obéit qu’aux lois et à ses propres fantaisies. La raison est libre ici et n’y connaît point de contrainte ; les hypocondriaques y sont surtout bien venus. Aucune manière de vivre n’y paraît étrange. On y voit des hommes qui font six milles par jour pour leur santé, se nourrissent de racines, ne mangent jamais de viande, portent en hiver un habit plus