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CORRESPONDANCE.

Fontainebleau. Mon adresse est chez Mme de Prie. Écrivez-moi, mon cher Thieriot, et aimez-moi. On joue toujours Mariamne et l’Indiscret. Je vais faire imprimer cette petite comédie. J’ai été obligé de faire imprimer Mariamne à mes dépens. Il a fallu rompre le marché que j’avais fait avec les libraires, parce que les éditions contrefaites leur coupaient la gorge ; ainsi je me la suis coupée moi-même par bonté, et j’ai fait tous les frais : il n’en sera pas de même de l’Indiscret. Je suis las du métier d’imprimeur. Mandez-moi comment vous vous en trouvez, et si Mahomet[1] est en bon train d’aller. Adieu, je vous souhaite son paradis dans ce monde et un grand débit de son histoire.



150. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES[2].

À Versailles, à l’hôtel de Villeroi, ce mercredi. …septembre.

Vous imagineriez-vous que j’étais dans le grand monde quand j’habitais dans votre maison, et que je suis en retraite à Versailles ? Je n’ai vu personne depuis que j’y suis. J’avais affaire à quelques commis soi-disant ministres ; mais j’ai pris le parti de leur écrire, pour éviter la peine de leur parler.

Ayez la bonté de me mander si vous êtes aussi philosophe que moi. J’ai bien peur que vous ne soyez devenue très-mondaine dans mon absence, et je crois qu’à mon retour je vous trouverai bien changée, et que j’aurai bien à vous gronder. Mais je vous attends à la Rivière pour vous y donner mes grandes leçons de philosophie. J’aime encore mieux être ermite chez vous qu’à Versailles. Adieu ; je vous pardonne de ne point songer à moi au milieu des plaisirs de Paris.



151. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES.

À Versailles, septembre.

Hier, à dix heures et demie, le roi déclara qu’il épousait la princesse de Pologne, et en parut très-content. Il donna son pied à baiser à M. d’Épernon[3], et son cul à M. de Maurepas, et reçut

  1. Thieriot préparait une Histoire du prophète, qui n’a jamais paru.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François. — Mme de Bernières était de retour à Paris.
  3. Louis de Pardaillan de Gondrin, d’abord duc d’Epernon et ensuite duc d’Antin, né en 1707, mort en 1743 ; fils de M. de Gondrin à qui Voltaire adressa une épître en 1746.