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VI
AVERTISSEMENT.

respondance avec Frédéric ; 3o avec les princes de Prusse ; 4o avec l’impératrice Catherine ; 5o avec divers souverains ; 6o avec d’Alembert ; 7o correspondance générale.

Depuis 1817, les lettres en prose et en vers ont été reportées à leurs dates dans la Correspondance générale ; mais les plus récents éditeurs ont encore conservé quatre catégories : 1o  la correspondance avec d’Alembert ; 2o  la correspondance avec le roi de Prusse ; 3o  la correspondance avec l’impératrice de Russie, et 4o  la correspondance générale.

Plus la correspondance totale se développe, plus l’inconvénient de ces divisions se fait sentir. Les lettres relatives à une question, à une querelle, à un accident, se multipliant, le lecteur est obligé pour avoir l’ensemble, pour suivre la marche de l’esprit de Voltaire, d’aller d’une catégorie à une autre, ce qui lui offre beaucoup de difficultés. Ainsi, dans la correspondance fiévreuse, émouvante, à laquelle se livrent Voltaire et Mme Denis pendant leur arrestation à Francfort en 1753, il faut, si l’on adopte les divisions habituelles, aller chercher dans un volume les lettres des deux prisonniers au roi de Prusse, et dans un autre celles à l’ambassadeur français, le chevalier de La Touche, qui renferment, recommandent, expliquent les premières. On a onze lettres à Frédéric, vingt et une lettres au chevalier de La Touche, la plupart de celles-là ayant été envoyées incluses dans celles-ci pour être remises au roi prussien par le représentant de la France à Berlin ; on se trouve contraint, par les nécessités du système, de séparer ce qui, comme on le voit, est vraiment inséparable. Sans contredit les lettres envoyées en ce cruel moment par les captifs dans toutes les directions, à leurs geôliers, aux puissances, aux amis, doivent être rassemblées ; sinon, on n’a point l’épisode complet sous les yeux, on ne saurait l’avoir qu’épars et fragmenté et échappant par conséquent à beaucoup de lecteurs.

L’inconvénient est le même dans une affaire, comme celle des Calas par exemple. Il est inadmissible que les pièces en soient disséminées d’un côté et d’un autre, selon le nom des correspondants, et vous ne pouvez non plus en former un dossier particulier et distinct, car alors le lecteur cesserait d’avoir dans la correspondance la vie de l’auteur au jour le jour, ce qui est, comme nous l’avons dit, le grand intérêt de cette publication. L’ordre chronologique, sans distinction des personnes auxquelles les lettres sont adressées, est donc d’une nécessité incontestable. Nous nous y soumettons le plus rigoureusement possible.

Nous avons suivi les meilleurs textes ; ainsi les lettres à l’abbé Moussinot ont été reproduites d’après l’édition de M. Courtat ; la correspondance de Voltaire et Frédéric et de Frédéric et Voltaire, a été collationnée sur la grande édition de Preuss, historiographe de Brandebourg, qui outre les lettres qu’il a pu ajouter à cette importante correspondance, a restitué divers passages supprimés, surtout dans la correspondance du roi. Les lettres à l’impératrice Catherine II, les lettres à Damilaville ont été également l’objet d’une révision attentive.

Nous avons consulté les originaux quand nous l’avons pu. Nous n’avons pas manqué d’y recourir lorsqu’il s’est présenté une difficulté à résoudre.