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CORRESPONDANCE.

toutes propres à faire bâiller les saints du paradis. Mme  de Mimeure a soutenu l’opération avec un courage d’amazone ; je n’ai pu m’empêcher de l’aller voir dans cette cruelle occasion. Je crois qu’elle en reviendra, car elle n’est en rien changée ; son humeur est toute la même. Je pourrai pour la même raison revenir aussi de ma maladie, car je vous jure que je ne suis point changé pour vous, et que vous êtes la seule personne pour qui je veuille vivre.



130. — À M. THIERIOT[1].

Comme je vous écrivis hier avec beaucoup de précipitation, j’oubliai de vous demander le nom et la demeure de ce petit copiste qui transcrivit Mariamne l’année passée. Je veux le donner à M. de Richelieu : il copiera à Vienne les ouvrages utiles que vous y ferez, qui vaudront mieux que les occupations frivoles dont j’ai fait mon capital.

Je vous demandai, il y a quelque temps, ce qu’est devenue la réponse de Jurieu à Maimbourg sur le calvinisme (3 vol. in-4o). Vous ne m’avez point fait de réponse sur cela. Songez qu’il faut de l’exactitude à un secrétaire d’ambassade.



131. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES.

À Paris, octobre.

Est-il possible que vous n’ayez pas reçu la lettre que je vous écrivis deux jours après le départ de Pignon ? Elle ne contenait rien autre chose que ce que vous connaissez de moi, mes souffrances, et mon amitié. Je fais l’anniversaire de ma petite vérole ; je n’ai point encore été si mal, mais je suis tranquille, parce que j’ai pris mon parti ; et peut-être ma tranquillité pourra me rendre la santé, que les agitations et les bouleversements de mon âme pourraient bien m’avoir ôtée. Il m’est arrivé des malheurs de toute espèce. La fortune ne me traite pas mieux que la nature : je souffre beaucoup de toutes façons ; mais j’ai rassemblé toutes mes petites forces pour résister à mes maux. Ce n’est point dans le commerce du monde que j’ai cherché des consolations ; ce n’est pas là qu’on les trouve ; je ne les ai cherchées que chez moi : je supporte dans votre maison la solitude et la Maladie, dans l’espérance de passer avec vous des jours tranquilles. Votre amitié

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.