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ANNÉE 1724.

malheureux, et mes malheurs toujours causés par des gens de lettres, surtout l’histoire de ma sortie des jésuites.

Adieu, mon cher ami ; je me recommande à vous.

Desfontaines.



111. — À M. THIERIOT[1].

À Forges, ce 2 juillet.

Les eaux de Forges enivrent. Je viens d’écrire une lettre à Mme  de Bernières, et il ne me reste que la force de vous dire que je vous verrai vendredi avec le plus grand plaisir du monde, et que je vous parlerai très au long de toutes les choses dont je ne peux vous rendre compte à présent. La tête me tourne, mon cher ami, et je ne me reconnais qu’à la tendre amitié que j’ai pour vous, que toutes les eaux du monde ne peuvent altérer.



112. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES.

Forges, juillet.

Je reçois dans ce moment votre lettre avec celle de M. le duc de Richelieu. J’ai écrit sur-le-champ à M. de Maisons et à M. Berthier[2], quoique je ne pense pas que quand M. de Lézeau[3] a un procès il puisse avoir besoin de recommandation. Je crois que les eaux me feront grand bien, puisqu’elles ne me font pas de mal. Mme de Béthune arriva hier à Forges, On attend Mme de Guise[4] et Mme  de Prie, qui peut-être ne viendront point. Si vous me promettez de m’envoyer bien exactement les Nouvelles à la main que vous recevez toutes les semaines, je vous dirai pourquoi M. de La Trimouille[5] est exilé de la cour. C’est pour avoir mis très-souvent la main dans la brayette de Sa Majesté très-chrétienne. Il avait fait un petit complot avec M. le comte de Clermont de se rendre tous deux les maîtres des chausses de Louis XV, et de ne pas souffrir qu’un autre courtisan partageât leur bonne fortune. M. de La Trimouille, outre cela, rendait au roi des lettres

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Louis-Bénigne Berthier de Sauvigny, président en la cinquième chambre des enquêtes ; mort en 1745.
  3. Jean-Baptiste Ango, marquis de La Motte Lu, petit marquis ridicule.
  4. La princesse de Guise, dont le duc de Richelieu épousa la fille, en 1734. Morte en 1730.
  5. Charles-René-Armand de La Trimouille. Il fut pair de France, membre de l’Académie française, et mourut en 1741.