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CORRESPONDANCE.

matin. Je vous supplie d’y aller aujourd’hui, et de vous informer de notre pauvre Gaudin ; il faut absolument que vous entriez chez lui, quand on vous dirait qu’il n’y est pas. Vous devriez bien venir ici auparavant consoler un peu votre malade.



74. — À M. THIERIOT[1].

À Ussé, ce 19 décembre.

La poste a retardé ce dernier ordinaire à Ussé : c’est ce qui fait que je n’ai reçu que le 19 décembre votre lettre datée du 11. Je suis très-impatient d’apprendre des nouvelles de la santé de monsieur votre père. Voici les moments où la machine est émue et où la tendresse se réveille. Il m’est permis de me citer moi-même :

 
Et les cœurs nés sensibles
Sont aisément émus dans ces moments horribles.

Cependant il faut que le bonhomme s’en aille ; que vous héritiez, et que vous vous consoliez dans la ferme espérance qu’il nous arrivera à tous pareille aubaine.

À l’égard de M. de Génonville, qui veut vous mener à la toilette de madame la maréchale, premièrement, je ne crois pas qu’il le fasse ; mais s’il le fait, cela ne gâtera rien. Je lui écrirai à elle très-fortement. Je voudrais bien que cela pût se différer jusqu’au jour de l’an, car, en vérité, je ne lui écris plus qu’en cérémonie.

Je vous envoie toujours trois nouveaux fleurons de la façon de Durand, de la Comédie, dont je crois vous avoir déjà parlé dans mes dernières lettres. Je vous envoie aussi les noms des graveurs qui sont le plus en réputation. Vous userez de tout cela quand vos affaires pourront vous le permettre. Écrivez-moi au plus tôt, je vous en prie ; mandez-moi des nouvelles de votre père et des vôtres. Adieu, mon cher Thieriot ; je travaille ici tout le jour.



75. — À M. THIERIOT.

Fin de décembre.

Qu’ai-je donc fait pour vous, mon cher ami, qui doive m’attirer vos remerciements ? Je vous ai sacrifié un quart d’heure de temps, et j’ai fait de méchants vers[2]. C’est à moi de vous remer-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La lettre en vers, adressée aux Pâris, qui étaient quatre frères, n’est ni dans la Correspondance, ni parmi les Épîtres. Elle est sans doute perdue (Cl.)