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ACTE H, SCÈNE III. 77

nièdc, est d'un ridicule Lien plus forl que celui du poignard de Pyrame qui rougissait d'avoir versé le sang de son maître. On ne sort point d etonnement de voir jusqu'où l'auteur de Cinna s'est égaré et s'est abaissé.

SCÈNE II.

Vers 9. Approchez, Liriope, et rendez-lui son change.

Liriope qui rend son change au page est encore d'une étrange galanterie.

{Fin de la scène.) Voici une de ces choses étranges que j'ai promis de remarquer: ce sont ces scènes de galanterie bour- geoise, aussi éloignées de la dignité de la tragédie que des grâces de l'opéra. C'est cette Andromède qui demande à ses filles d'hon- neur laquelle est amoureuse de Persée ; c'est ce page qui chante une chanson insipide; c'est Andromède qui rend sérénade pour sérénade; c'est Approchez, Liriope , et rendez-lui son change, etc. Il semble que tout cela ait été fait pour la noce d'un bourgeois de la rue Thibautodé.

Mais que l'on considère que les Français n'avaient aucun modèle dans ce genre; nous n'avons rien de supportable avant Quinault dans le lyrique.

SCÈNE III.

Vers 25. Assez souvent le ciel par quelque fausse joie Se plait à prévenir les maux qu'il nous envoie.

Le plus grand fruit que l'on puisse recueillir de cette pièce, c'est d'en comparer les situations et les expressions avec celles de Ylphigènie de Racine. Iphigénie, dans les mêmes circonstances, dit à son amant 1 :

Je meurs dans cet espoir satisfaite et tranquille ; Si je n'ai pas vécu la compagne d'Achille, J'espère que du moins un heureux avenir A vos faits immortels joindra mon souvenir, Et qu'un jour mon trépas, source de votre gloire, Ouvrira le récit d'une si belle histoire, etc.

C'est là qu'on trouve la perfection du style ; c'est là que tous les écrivains, soit en prose, soit en vers, doivent chercher un modèle.

1. Acte V, scène 11.

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