SUPPLÉMENT AUX ŒUVRES EN PROSE. 609
le roi? Au reste, nous avons reçu des lettres satisfaisantes de monsieur le contrôleur général, de monsieur l'intendant et des fermiers généraux sur le premier mémoire envoyé le 24 janvier au soir; ce mémoire n'était qu'un préliminaire. Nous n'étions pas encore informés de l'excès de l'insolence et. des délits des commis du bureau de Sacconex. Nous avons envoyé toutes les preuves à mesure que nous les avons eues, et nous nous flattons que les déclarations du receveur el du contrôleur de Sacconex achèveront de cons- tater le délit, et de nous procurer la justice que nous attendons. Puisse la consommation du traité avec les fermes générales mettre fin à ces vexations et à ces avanies intolérables.
J'ai l'honneur d'être pour toute ma vie, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Voltaire.
3. — A M. FABRY*.
22 février 1760.
Monsieur, j'ai l'honneur de vous donner avis que M. d'Épinai, fermier général, a parlé fortement à ses confrères au sujet du pays de Gex, et de la nécessité indispensable de s'accommoder avec la province pour le sel et pour la suppression des bureaux. On me mande que l'affaire est en très-bon train; vous la finirez de la manière que vous jugerez la plus convenable. Peut-être n'est-il pas mal qu'on tienne en haleine la compagnie qui se présente, parce qu'il se pourrait bien faire que monsieur le contrôleur général acceptât les cent mille écus pour le roi dans la disette où l'on est d'argent, en abandon- nant d'ailleurs aux fermiers généraux dix-huit mille livres sur le prix géné- ral de leur bail. Il y a cent manières de trouver la chose, mais la plus sûre sera de s'aboucher avec M. d'Épinai, qui probablement viendra traiter avec vous.
Je suis obligé de faire déclarer sous serment, par mes voituriers de Ferney et par les témoins de Mollis, boucher, et par Soubairan, cabaretier, que lesdits voituriers étaient en règle et n'avaient point passé le bureau de Sacconex quand on nous fit l'avanie, à ma nièce et à moi, de saisir nos blés. Monsieur l'intendant nous a mandé que nos voituriers n'étaient pas en règle. Nous devons prouver qu'ils y étaient, et si monsieur l'intendant, par quelque motif que je ne puis concevoir, ne nous rendait pas la justice qui nous est due, malgré la protection de M. le duc de Choiseul et de mon- sieur le contrôleur général, nous serions obligés de nous adresser au roi. Mais nous espérons que la bonté et l'équité de M. de Fleury ne nous réduira pas à cette nécessité.
J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très- obéissant serviteur.
Voltaire.
1. La suscription porte : « Monsieur, monsieur Fabri, subdélégué et maire à Gex, » et la lettre est scellée d'un sceau de cire rouge, dont les armes, surmon- tées d'une couronne de marquis, présentent trois grenades en champ d'azur.
32. Appendice . 39
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